Égypte : nouvelle journée de mobilisation massive après le discours d’Hosni Moubarak
Le discours prononcé jeudi soir par le président égyptien Hosni Moubarak, qui a remis ses pouvoirs à son vice-président Omar Souleimane, ne satisfait pas les manifestants. Le Caire se prépare à vivre une nouvelle journée de mobilisation massive.
C’est peu dire que le discours du président égyptien Hosni Moubarak n’a pas convaincu les manifestants massés place Al-Tahrir jeudi soir. Mise en ébullition par les déclarations et rumeurs insistantes selon lesquelles le raïs allait annoncer son départ du pouvoir (voir le film de la soirée), la foule a connu la plus grande mobilisation nocturne depuis le début du mouvement, le 25 janvier. La chaîne de télévision qatarie Al-Jazira a même parlé de trois millions de personnes survoltées descendues dans les rues du Caire (200 000 pour la seule place Al-Tahrir, selon l’AFP) pour attendre les mots tant espérés du président égyptien.
Mais Hosni Moubarak ne les a pas prononcés. Pour toute concession, il a délégué ses pouvoirs à son vice-président, Omar Souleimane, lui-même un cacique du régime, patron des services secrets et très proche du raïs.
Colère des manifestants
Pour le reste, Moubarak n’a fait que renouveler des promesses qui n’avaient déjà pas convaincu les manifestants (réforme de la Constitution, organisation d’élections libres et sans sa candidature au mois de septembre…) en y ajoutant celle de mettre fin à l’état d’urgence, assortie d’un évasif « quand les conditions le permettront ».
Le discours d’Omar Souleimane, l’homme désormais en charge de la transition, prononcé à peine 30 minutes après celui du président égyptien, n’a pas d’avantage convaincu les manifestants. « Le président m’a confié la stabilité et la sécurité de l’Égypte, a-t-il rappelé, comme pour prendre officiellement ses fonctions. […] Jeunes de l’Égypte, rentrez chez vous, retournez au travail. L’Égypte a besoin de vos bras », a-t-il ajouté.
Place Al-Tahrir, ces deux discours ont en réalité radicalisé les manifestants. Alors qu’ils s’étaient rassemblés dans la joie et l’espoir en début de soirée, les slogans se sont fait violents après les deux discours.
« Ni Moubarak ni Souleimane! », « Armée égyptienne, le choix est maintenant : le régime ou le peuple ! », « À bas Moubarak ! Dégage ! Dégage », « Jusqu’au palais nous nous dirigeons, des martyrs par million », pouvait-on entendre.
« Il nous parle comme si nous étions des idiots, soulignait Ali Hassan, un manifestant. Il est un général défait sur le champ de bataille, qui ne se retirera pas avant d’avoir fait autant de victimes que possible ».
Le rassemblement géant, déjà prévu pour ce vendredi, jour de grande prière, s’annonce bouillant. À moins que l’armée, qui a annoncé « un important communiqué au peuple » vendredi matin, ne prenne une décision de nature à satisfaire les rues du Caire.
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