Le Caire menace de faire réprimer par l’armée des manifestants toujours plus nombreux
Le gouvernement égyptien a menacé mercredi de faire réprimer les manifestants par l’armée « en cas de chaos ». Le mouvement de contestation à l’égard du président Hosni Moubarak est de plus en plus puissant et s’étend aux zones rurales ainsi qu’aux travailleurs des zones portuaires et aéroportuaires.
Les autorités égyptiennes sont à nouveau crispées. Elles avaient parié sur un retour à la normale, après avoir lâché un peu du lest et la mobilisation semblant faiblir, en fin de semaine dernière. Mais face à sa persistance, voir son extension, il leur faut maintenant trouver de nouveaux moyens de calmer la rue, alors que le mouvement entre dans sa dix-septième journée consécutive de mobilisation.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a donc tapé du point sur la table. « Les forces armées se verront obligées de défendre la Constitution et la sécurité nationale de l’Égypte […] en cas de chaos pour reprendre les choses en main », a-t-il menacé dans une interview à la chaîne Al-Arabiya.
Réagissant aux propos de Washington, selon qui les concessions n’étaient encore pas suffisantes et qui a encouragé l’armée égyptienne à continuer de faire preuve de modération, Ahmed Aboul Gheit a par ailleurs accusé les États-Unis de chercher à « imposer » leur volonté à l’Égypte par leurs exigences, dans un entretien à la chaîne américaine PBS.
Conseil des ministres délogé
La mobilisation ne faiblit en tout cas pas, bien au contraire. Mercredi, des centaines manifestants de la place Al-Tahrir se sont rassemblés devant le Parlement et le siège du gouvernement, situé non loin de là pour en bloquer les accès. « Nous sommes venus pour empêcher les membres du PND [parti du président Hosni Moubarak] d’entrer. Nous resterons jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ou nous mourrons ici », expliquait un manifestant présent sur les lieux.
Face à la grogne des manifestants, et malgré la protection des bâtiments par des blindés, le Conseil des Ministres a du se tenir dans un autre endroit.
De nombreux Égyptiens venus de province avaient fait le déplacement jusqu’au Caire afin de gonfler les rangs des mécontents. « Nous mettons la pression sur eux progressivement et, au bout du compte, ils tomberont », a ainsi assuré Karam Mohamed, originaire de la région de Beheira.
Amplification du mouvement
Le mouvement social ne touche plus seulement les grandes villes comme Alexandrie, Suez ou le Caire : les manifestations ont désormais gagné l’Égypte rurale.
À El Kharga dans la province de Nouvelle-Vallée, à 400 km au sud du Caire, cinq personnes, blessées par des tirs à balles réelles de policiers ont succombé mercredi, selon des sources médicales. Une centaine de blessés sont également à déplorer. En réaction, les manifestants en colère ont mis le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du PND.
À la contestation politique se sont aussi ajoutés plusieurs mouvements sociaux, avec des revendications sur les salaires ou les conditions de travail. C’est notamment le cas dans les arsenaux de Port-Saïd (nord-est), dans plusieurs sociétés privées travaillant sur le canal de Suez (est) ou encore à l’aéroport du Caire.
La direction du mouvement au Caire prévoit de profiter de la journée de la grande prière de vendredi, pour faire une nouvelle démonstration de force. Elle prévoit notamment de marcher sur l’immeuble de la radio et télévision d’État. (avec AFP)
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