Cedeao : James Gbeho fustige les soutiens de Gbagbo dans la crise ivoirienne
James Victor Gbeho, président de la Commission de la Cedeao, sort de sa réserve. Au cours d’une conférence de presse, il a vivement critiqué tout à la fois les soutiens africains de Gbagbo, le panel de chefs d’État de l’UA et l’attitude de l’Afrique du Sud dans la crise postélectorale ivoirienne.
![L’ex-ministre ghanéen des Affaires étrangères, James Victor Gbeho, en septembre 1999, à l’ONU. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/02/09/009022011085813000000jamesgbehoghana.jpg)
L’ex-ministre ghanéen des Affaires étrangères, James Victor Gbeho, en septembre 1999, à l’ONU. © AFP
Quelle mouche a piqué le président de la Commission de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), James Victor Gbeho ? Celui-ci a sévèrement critiqué mardi à Abuja les tentatives de négocier avec le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, pointant un manque de volonté de la communauté africaine.
« Notre préoccupation est, qu’en raison d’intérêts géopolitiques, certains pays essaient de susciter un échec des chefs d’État de la Cedeao », a-t-il affirmé de manière un peu sibylline au cours d’un point de presse. Faisant peut-être référence à la volonté de certains présidents de mettre l’Occident en concurrence avec une Chine bien moins regardante sur les droits humains et politiques.
« Certains parmi nous encouragent Gbagbo à ne pas céder. […] La solidarité […] au sein de la communauté internationale s’est vite érodée », a-t-il déclaré. Alors que les 15 États membres de la Cedeao avaient menacé, en décembre, d’user de la force légitime contre le président Gbagbo s’il n’acceptait pas de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, à la suite de la présidentielle de novembre. Ce qui n’a eu aucun effet jusqu’à présent.
UA contre Cedeao ?
James Victor Gbeho a également exprimé sa déception sur la gestion du dossier ivoirien par l’Union africaine. Les experts envoyés par le panel de chefs d’État chargé par l’UA de dénouer la crise ivoirienne ont rencontré lundi à Abidjan Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, et le camp de l’autre président proclamé, Laurent Gbagbo.
Pour Gbeho, il s’agit « d’une tentative de contrer ce que cette région [l’Afrique de l’Ouest, NDLR] fait ». « Je pense que toute tentative de changer le résultat de la consultation électorale librement obtenue est quelque chose que nous pourrions regretter et j’espère qu’on n’en arrivera pas là à la fin de l’analyse », a-t-il dit.
Navire de guerre sud-africain
M. Gbeho critique aussi l’Afrique du Sud, l’accusant d’avoir envoyé un navire de guerre en Côte d’Ivoire. « Je suis surpris qu’un pays aussi éminent que l’Afrique du Sud décide d’envoyer une frégate en ce moment en Côte d’Ivoire », a-t-il dit. « Au moment où nous parlons, un navire de guerre sud-africain est à quai en Côte d’Ivoire […] Cela ne peut que compliquer les choses », a-t-il souligné.
Un journal sud-africain avait indiqué, le 31 janvier, que le navire de guerre SAS Drakensberg avait été envoyé dans l’éventualité d’une évacuation du personnel de l’Ambassade d’Afrique du Sud à Abidjan. Le ministère sud-africain de la Défense avait refusé tout commentaire à ce sujet. (Avec AFP)
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