Les ministres de Nicolas Sarkozy n’en finissent plus d’être éclaboussés par leur liens de proximité avec les despotes du Maghreb. Après Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères) et ses voyages à bord de l’avion de l’homme d’affaires Aziz Miled (un proche de l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali), c’est au tour du Premier ministre lui-même, François Fillon, d’être mis en cause pour avoir bénéficié d’un avion privé… mis à sa disposition par Hosni Moubarak en personne.

Lors de ses vacances en Égypte, du 26 décembre au 2 janvier dernier, Fillon a même été hébergé, avec sa famille, par le raïs. Ces informations de l’hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné, ont été confirmées par l’intéressé dans un communiqué… avant même que le journal ne soit en kiosques.

Manque de chance…

François Fillon et sa famille se trouvaient en Égypte pendant que Michèle Alliot-Marie séjournait en Tunisie. Pas de chance pour eux : les manifestations qui allaient aboutir à des insurrections révolutionnaires ont commencé le 17 décembre contre Ben Ali, et le 25 décembre contre Moubarak… C’est-à-dire dans les jours où les représentants de l’État français prenaient leurs vacances. Lesquelles, bien qu’assez peu onéreuses, n’en resteront pas moins mémorables à plus d’un titre.

« Le Premier ministre a été hébergé lors de ce séjour par les autorités égyptiennes », précise le communiqué de François Fillon. « Le Premier ministre, toujours à l’invitation des autorités égyptiennes, a emprunté un avion de la flotte gouvernementale égyptienne pour se rendre d’Assouan à Abou Simbel où il a visité le temple. […] Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions. »

Invitation inopinée ?

Le Premier ministre français précise toutefois qu’il s’est rendu en Égypte dans un avion de la flotte gouvernementale française, avec sa famille. « S’agissant d’un déplacement privé, son billet et celui des membres de sa famille lui sont facturés, sur ses deniers personnels, au tarif établi par l’armée de l’air, conformément à la règle qu’il s’est lui-même fixée et qu’il applique à chaque déplacement privé », dit le communiqué.

Ce n’est qu’une fois en Égypte que le chef du gouvernement français aurait accepté les invitations d’Hosni Moubarak. Il n’aurait donc pas su à l’avance qu’on lui préparait des vacances… aux frais du contribuable égyptien. L’honneur est sauf ? Réponse, peut-être, dans Le Canard enchaîné, mercredi…