La Tunisie invitée d’honneur du Maghreb des livres 2011, la parole retrouvée
Du 5 au 6 février, le Maghreb des livres a rendu hommage à la Tunisie. Éditeurs, auteurs, et l’ensemble du public présents à la Mairie de Paris ont salué la révolution tunisienne, garante d’une liberté d’expression retrouvée.
La 17e édition du Maghreb des livres s’est terminée sur une note teintée d’espoir et de liberté d’expression. Participants et visiteurs ont pu ressentir l’euphorie des Tunisiens dont la parole était enfin libérée. Accueillie dans la splendide bâtisse de la Mairie de Paris, cette manifestation littéraire a rassemblé un peu plus de 6 500 visiteurs en deux jours.
« C’est un record, le dernier plafond atteint était de 6 200 visiteurs en 2001 », révèle non sans satisfaction Georges Morin, organisateur de l’évènement et président de l’association Coup de soleil. Qui dit record du nombre de visiteurs dit hausse des ventes. Les organisateurs s’attendent à au moins 20 % de plus que l’année dernière où près de 20 000 livres avaient été écoulés. « Le Maghreb des livres est devenu la plus importante librairie maghrébine de France », se félicite Morin.
Maghreb des livres 2011, dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris, le 6 février.
© Amina Hadjiat pour J.A.
Réhabiliter la jeunesse
C’est par un heureux hasard si la Tunisie, qui vit aujourd’hui sa renaissance, a été l’invitée d’honneur du Maghreb des livres 2011, la programmation étant établie longtemps à l’avance. L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter. Les nombreuses personnalités et intellectuels tunisiens présents ont pu livrer leurs témoignages et analyses de la situation lors d’une soirée spéciale, le samedi 5 février.
Si le soulèvement populaire en Tunisie a délogé un pouvoir, elle a surtout réhabilité la jeunesse qui compte désormais se faire entendre à tous les niveaux. Cette nouvelle donne n’a pas échappé aux organisateurs de l’évènement qui ont tenu à les inclure dans les débats. De fait, Youcef Bensmaïl et Fatima Chérif, deux « jeunes » représentants de cette nouvelle génération étaient aux côtés de Mahmoud Ben Romdhane, ancien président de la délégation tunisienne d’Amnesty International, pour animer une conférence sur la révolution tunisienne. Ils ont relaté avec beaucoup d’émotion la censure, la propagande et les menaces qui pèsent depuis si longtemps sur les écrivains, libraires et éditeurs.
« Les éditeurs étaient en état de risque permanent, sous le sceau de menaces visant leur maison d’édition, leur existence, celle de leurs enfants et de leur famille, a dénoncé Ben Romdhane. Une politique qui s’inscrit dans la lignée de toutes ces tentatives visant à restreindre la liberté d’expression et à maintenir la fermeture au reste du monde. »
Révolution expéditive
Les participants à cet évènement littéraire parisien n’ont pas boudé leur plaisir pendant les séances de dédicaces où plus de 130 auteurs étaient présents. Des grands noms tels que Malek Chebel, Claudia Cardinale, Maïssa Bey ou encore l’opposant Moncef Marzouki, assailli de questions sur son retour en Tunisie.
Durant les deux jours qu’a duré le salon, l’exploit démocratique accompli par la Tunisieen un temps record est incessamment revenu dans les discussions. « Citez moi une révolution dans le monde qui se soit passée aussi rapidement ? » a lancé Mahmoud Ben Romdhane qui n’a pas oublié d’évoquer les martyrs tunisiens. « Ceci a été possible grâce au sacrifice suprême : l’immolation d’un jeune garçon pauvre, Bouazizi, qui a généré un immense processus d’identification. »
Intervenant sur le poids des réseaux sociaux dans le mouvement révolutionnaire, Fatima Chérif, responsable pour la santé et les questions professionnelles du Syndicat des auteurs tunisiens a rappelé que « Facebook a servi de rempart contre la peur pour les jeunes qui ont commencé à mettre la photo de Bouazizi ou celle du drapeau tunisien en image de profil, renforçant l’effet de solidarité ».
Mohamed Bouazizi a été également cité dans le discours d’ouverture prononcé par le maire de Paris. Bertrand Delanoë a réaffirmé son souhait de lui rendre hommage : « Je proposerai au prochain conseil qu’une rue de Paris soit rebaptisée du nom de Bouazizi. » Bel hommage pour le précurseur de la révolution tunisienne dans la capitale des droits de l’homme.
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