Des troubles persistent, le gouvernement tunisien allège le couvre-feu

Le gouvernement tunisien pariait samedi sur une amélioration de la situation sécuritaire, en allégeant une nouvelle fois le couvre-feu, mais reste vigilant face à une situation encore incertaine. Quatre personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police à Kef samedi.

Des Tunisiens réunis devant le palais gouvernemental à Tunis, le 5 février 2011. © AFP

Des Tunisiens réunis devant le palais gouvernemental à Tunis, le 5 février 2011. © AFP

Publié le 6 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Quatre personnes ont été tuées samedi dans des affrontements entre des manifestants et des policiers dans la ville du Kef (nord-ouest du pays), a indiqué à l’AFP une source au ministère de l’Intérieur.

Selon des sources syndicales jointes au Kef, 200 à 300 personnes s’étaient rassemblées pour réclamer le départ du chef de la police locale.

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La manifestation a dégénéré en affrontements lorsque ce dernier a giflé une manifestante, provoquant la colère de la foule qui a incendié le poste de police.

La police a répliqué en tirant et deux manifestants de 19 ans et 49 ans ont été tués, selon ces mêmes sources. Deux blessés graves, touchés par balles, ont succombé à leurs blessures.

La veille, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté devant un commissariat à Sidi Bouzid (centre) après la mort de deux personnes qui y étaient détenues. Trois voitures de police ont été incendiées, selon un témoin contacté par l’AFP.

Deux agents de sécurité suspectés d’être impliqués ont été arrêtés samedi, a indiqué l’agence officielle TAP.

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Pour le ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, il s’agit d’un crime qui pourrait être l’oeuvre de partisans de l’ancien régime.

"Amélioration de la sécurité"

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Les autorités avaient annoncé vendredi soir une réduction de deux heures du couvre-feu qui s’appliquera dès ce samedi de minuit à 04H00 locales, "en raison de l’amélioration de la sécurité dans le pays".

La Grande-Bretagne avait d’ailleurs levé vendredi sa mise en garde sur les voyages en Tunisie.

Vital pour le pays, le tourisme devrait retrouver au printemps son niveau d’avant les troubles qui ont fait fuir des milliers d’étrangers, assurait vendredi le ministre du Tourisme Mahdi Houas.

Le PDG de Fram, 2e tour opérateur français, a affirmé samedi à Tunis que son groupe était "entièrement disposé à soutenir la relance du tourisme".

La Tunisie "a été et continue à être l’une des toutes premières destinations de Fram Voyages avec plus de 100.000 touristes français par an", a déclaré

Antoine Cachin, à l’issue d’un entretien avec le ministre du tourisme Mehdi Houas.

Le couvre-feu a été allégé une première fois le 26 janvier (22H00-04H00), depuis son instauration le 12 du même mois, deux jours avant la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali.

Grogne sociale

Le gouvernement de transition ne baisse pas pour autant la garde. Le souvenir de l’"assaut" donné lundi par des centaines de personnes contre le ministère de l’intérieur est encore frais.

Le ministre avait dû s’enfuir du bâtiment et parlait le lendemain d’un "complot contre l’Etat".

Le gouvernement est par ailleurs confronté à une grogne sociale persistante dans les mines de phosphate de Gafsa (centre-ouest) paralysées par des demandeurs d’emploi qui bloquent les sites.

Depuis deux semaines, les deux sociétés publiques CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa) et Groupe chimique tunisien (GCT) perdent environ 3 millions de dinars (1,5 million d’euros) chaque jour, selon l’agence TAP.

Alors que douze membres du parlement européen poursuivaient samedi leur mission de soutien et d’information à Tunis, le Parti socialiste français a apporté "son soutien à toutes les forces démocratiques engagées dans la construction d’une Tunisie nouvelle", au terme d’une mission dans le pays.

Pas un jour ne se passe désormais sans que l’équipe en charge de la transition ne reçoive des soutiens extérieurs.

Ainsi le Danemark a-t-il annoncé un renforcement de son soutien aux réformes démocratiques en Tunisie, mais aussi en Egypte, avec un budget de 1,34 million d’euros pour aider notamment "les médias libres et la société civile".

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