Les clauses du divorce entre le Nord et le Sud-Soudan
Sans surprise, c’est un oui massif qui a remporté le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan. S’ouvre désormais une période de six mois particulièrement délicate durant laquelle le sud et le nord du pays devront s’entendre définitivement sur les différents aspects de leur séparation.
« Nous acceptons les résultats du référendum », a déclaré Ali Osman Taha, le vice-président soudanais, le 31 janvier. Comment faire autrement, alors que, selon les résultats provisoires, les 3,9 millions d’électeurs sud-soudanais se sont prononcés à 98,83 % en faveur de l’indépendance de leur région ? Un chiffre comparable à ceux des autres référendums d’autodétermination : 99,72 % de oui en Algérie en 1962, 99,80 % en Érythrée en 1993. Avec, dans tous les cas, un taux de participation qui frôle les 100 %, la même euphorie et la volonté farouche de bâtir une nation.
Le Sud-Soudan, dirigé par Silva Kiir, devra attendre le 9 juillet pour être un État souverain à part entière. Six mois qui, conformément à l’accord de paix global signé en 2005 – qui mettait officiellement fin à deux décennies de conflit armé –, permettront au Nord-Soudan et au Sud-Soudan de définir les nouvelles règles du vivre ensemble… séparément.
Il faudra d’abord délimiter les frontières. Et notamment décider du sort de l’enclave d’Abyei, à cheval entre les deux régions et partagée par deux ethnies, les Dinkas Ngoks au Sud et les Misseriyas au Nord. Les uns sont des agriculteurs, chrétiens ou animistes, les autres des pasteurs arabo-musulmans. Les premiers sont favorables à la partition, au contraire des seconds. Pour déterminer à quel Soudan les rattacher, un référendum spécial était censé se tenir le 9 janvier. Il a été reporté sine die, ce qui exacerbe les tensions : depuis le début de janvier, des affrontements ont fait une soixantaine de morts.
Vide juridique
La question de la citoyenneté devra elle aussi être tranchée. Avant le référendum, le président Omar el-Béchir s’était déclaré contre la double nationalité. Il faudra donc combler un vide juridique en matière de résidence, de droit du travail et de propriété foncière. Des milliers de sudistes sont installés dans le Nord, parfois depuis plusieurs générations. Le Sud-Soudan devra songer à les « réintégrer » alors que les migrations s’accélèrent dans les deux sens.
Reste enfin l’épineuse question du pétrole : 80 % des ressources sont situées dans le Sud, mais l’acheminement se fait par un oléoduc qui traverse le Nord. Et aucun des deux États ne peut se passer des revenus de l’or noir, qui représentent 40 % du budget de Khartoum et 90 % de celui de Juba.
À toutes ces préoccupations, il faut ajouter celles liées à la sécurité (le pays est encore sillonné de bandes armées), à la répartition des eaux du Nil ou au choix d’une monnaie… Autant de dossiers qui pourraient aboutir à l’affaiblissement du nord du pays, et qui laissent penser que le divorce ne se fera pas en douceur.
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