Côte d’Ivoire : Pascal Affi N’Guessan prophétise la fin de l’UEMOA

Le président du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, sort de sa réserve. Pour lui, il est certain que l’UEMOA va se disloquer si la Côte d’Ivoire dirigée par le président sortant n’en fait plus partie. C’est-à-dire si elle bascule dans une économie de type autarcique.

Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien, le 8 décembre 2006 à Abidjan. © AFP

Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien, le 8 décembre 2006 à Abidjan. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 3 février 2011 Lecture : 2 minutes.

La Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo est-elle sur le point de basculer dans une économie de guerre ? On n’y est pas encore, mais presque. Et cela pourrait être dramatique pour la cohésion de l’UEMOA : c’est le message qu’a voulu faire passer en substance Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), un très proche du chef de l’État sortant.

Si les pays membres de l’UEMOA, désormais dirigée par le Togo de Faure Gnassingbé, « continuent dans la logique qu’ils développent sur instigation de la France », accuse Affi N’Guessan, alors « l’Union va se casser parce que la Côte d’Ivoire représente l’épine dorsale de l’UEMOA ». Encore et toujours le même refrain : la France serait responsable d’un complot contre Gbagbo et les Africains seraient manipulés par l’ancienne puissance coloniale.

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"Sans la Côte d’Ivoire, l’Union n’a plus d’importance"

« Tous les autres pays membres [de l’UEMOA, NDLR] ont une balance déficitaire vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Nous sommes le poumon de l’économie de l’Union. Sans la Côte d’Ivoire, l’Union n’a plus d’importance », a-t-il ajouté, s’exprimant lors d’une réunion publique à Abidjan.

Puis le franc CFA a été la cible de ses critiques, cet « instrument d’asservissement, de domination, d’assujettissement de la France sur l’ensemble de son empire néocolonial. […] C’est la France qui maîtrise notre monnaie, qui instrumentalise les organes de cette Union, pour essayer d’abattre celui [Laurent Gbagbo, NDLR] qu’elle considère comme rebelle à sa politique », a-t-il affirmé – contre toute vraisemblance, cependant, car le président sortant a toujours soigneusement préservé les intérêts français en Côte d’Ivoire (en particulier ceux des groupes Bouygues et Bolloré, entre autres).

En clair, et c’est toujours la même stratégie du camp Gbagbo : plus les problèmes s’accumulent, plus ce dernier accuse la France de comploter contre lui – à tort ou à raison : la question pour lui est de savoir si cela lui permet de faire basculer des pays du camp adverse de son côté.

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Une chose est sûre : la situation est devenue très inconfortable à Abidjan, depuis que l’UEMOA a retiré à Gbagbo la gestion des comptes ivoiriens à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et l’a confiée au président élu Alassane Ouattara. Lequel poursuit inexorablement sa stratégie d’asphyxie financière du régime de Gbagbo avec l’aide de ses alliés extérieurs, africains ou pas. Gbagbo a répliqué en réquisitionnant les agences ivoiriennes de la BCEAO, mais n’a pas encore mis la main sur toutes les liquidités qui se trouvent dans les coffres. (Avec AFP)

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