Égypte : violents heurts entre manifestants et partisans de Moubarak au Caire

La situation s’est brusquement envenimée mercredi au Caire, quand des militants pro-Moubarak ont violemment chargé des manifestants réclamant le départ du raïs sur la place Tahrir. On dénombre au moins un mort et 500 blessés, selon les premiers bilans.

Affrontements place Tarhir du Caire, mercredi à la mi journée. © Al Jazira

Affrontements place Tarhir du Caire, mercredi à la mi journée. © Al Jazira

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 2 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Au neuvième jour des manifestations sans précédent que connaît l’Égypte, de violents heurts ont éclaté en début d’après-midi sur la place Tahrir (Libération), au Caire, entre des centaines de partisans du président Hosni Moubarak et des milliers de manifestants réclamant son départ. Même si certains militaires appelaient au calme debout sur leur char gardant l’entrée de la place, l’armée n’est pas intervenue pour séparer les manifestants qui se battaient à mains nues ou à coups de bâtons et de jets de pierres, voire « d’objets métalliques ».

Des pro-Moubarak ont chargé les opposants à dos de cheval et de chameau, avant d’être désarçonnés et battus. Un militaire a été tué pendant les affrontements selon la télévision d’État égyptienne et au moins 500 personnes ont été blessés, selon des sources médicales basées dans une mosquée transformée en centre de soins près de la place. Certains parmi eux auraient été transférés dans des hôpitaux. « Des pro-Moubarak et la police secrète habillée en civil ont envahi la place pour faire cesser la révolte », a accusé un manifestant, Mohammed Zomorj, tandis que les opposants criaient « Moubarak est devenu fou ». Le ministère de l’Intérieur a aussitôt démenti l’information selon laquelle des policiers en civil étaient présents.

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La situation s’est envenimée au cours de l’après-midi, des gaz lacrymogènes d’origine inconnue ont été tirés contre les manifestants anti-Moubarak. L’armée a tiré en l’air à plusieurs reprises pour disperser les combats. Deux cocktails Molotov ont atterri dans la cour du Musée égyptien qui abrite des trésors inestimables de l’antiquité pharaonique, tout près de la place.

Les États-Unis ont pour leur part réagi en appelant « toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter la violence ». « Le chemin de l’Égypte vers le changement démocratique doit être pacifique », a écrit Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine, sur son compte Twitter.

Moubarak ne convainc pas plus que Ben Ali

Ces événements surgissent après une matinée tendue, au cours de laquelle les manifestants ont accusé des policiers en civil d’être entrés en force sur la place. Peu auparavant, l’armée égyptienne avait appelé les manifestants à rentrer chez eux, dans un communiqué lu à la télévision d’État. La veille au soir, Moubarak avait prononcé un discours solennel annonçant qu’il ne se représenterait pas à la présidentielle prévue en septembre.

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Mais Moubarak n’a vraisemblablement pas convaincu, pas plus que ben Ali, le 13 janvier au soir, la veille de sa chute. Les contestataires ont décidé de poursuivre leur mouvement, et ont confirmé un appel à de nouveaux rassemblements massifs vendredi, journée baptisée « vendredi du départ » par le porte-parole de l’opposition, Mohamed el-Baradei.

Le régime égyptien semblait pourtant avoir lâché du lest mercredi, après avoir annoncé que le Parlement égyptien avait suspendu ses séances jusqu’à la révision des résultats des dernières législatives, marquées par de nombreuses fraudes et violences. L’accès à internet avait également été partiellement rétabli en milieu de journée. Le couvre-feu en vigueur depuis vendredi dans la capitale égyptienne ainsi qu’à Alexandrie (nord) et à Suez (est), sera en outre allégé à partir de mercredi, commençant à 17h00 (15h00 GMT) au lieu de 15h00 actuellement et se terminant à 07h00 (05h00 GMT) contre 08h00 jusqu’ici, a indiqué la télévision publique dans un bandeau. (Avec AFP)
 

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