Le Parlement suspendu, l’armée égyptienne demande aux manifestants de rester chez eux

L’armée a appelé les Égyptiens à rester chez eux ce mercredi, dans un message à rebours de la position qu’elle avait exprimé deux jours plus tôt. Au lendemain du discours du président Hosni Moubarak, le régime a fait une série de concessions, dont la suspension d’un Parlement dominé par son parti, le rétablissement d’internet et l’allègement du couvre-feu.

Des manifestants anti-Moubarak près de soldats égyptiens, le 1er février 2011 au Caire. © AFP

Des manifestants anti-Moubarak près de soldats égyptiens, le 1er février 2011 au Caire. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 2 février 2011 Lecture : 2 minutes.

En deux jours, l’armée égyptienne a sensiblement changé de discours. Mercredi matin, dans un communiqué lu à la télévision, les militaires, dont tous les observateurs s’accordent à dire qu’ils détiennent une des clés de l’avenir du régime, ont demandé aux Égyptiens de rester chez eux.

« Les forces armées vous lancent un appel. […] Vous êtes descendus dans la rue pour faire entendre vos exigences et vous seuls êtes en mesure de permettre le retour à la vie normale », a déclaré un porte-parole de l’armée.

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C’était pourtant elle qui avait permis le rassemblement monstre de mardi (plus d’un million de personnes dans les rues du Caire, au plus fort de la journée) en qualifiant de « légitimes » les revendications des manifestants. L’armée avait annoncé qu’elle ne réprimerait pas les rassemblements et que son déploiement avait pour but unique d’assurer leur sécurité.

Parallèlement, le pouvoir a fait une série de concessions, dont certaines n’avaient pas été annoncées dans le discours d’Hosni Moubarak mardi soir.

Révision des résultats des dernières législatives

Celui-ci est engagé à ne pas se représenter à l’issue de son mandat présidentiel, mais avait réaffirmé sa volonté de rester au pouvoir jusqu’à la prochaine élection, prévue en septembre.

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Mercredi matin, l’agence de presse officielle Mena a annoncé la suspension des séances du Parlement, qu’Hosni Moubarak avait pourtant chargé, dans son discours de « débattre d’un amendement aux articles 76 et 77 de la Constitution pour changer les conditions de la candidature à la présidentielle et limiter les mandats ».

La suspension doit durer le temps de réviser les résultats des élections législatives de novembre dernier, qui avaient été entachées de fraudes et d’irrégularités.

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Le régime a par ailleurs montré des signes de normalisation. Internet a ainsi été rétabli mercredi matin, d’après des constatations de journalistes de l’AFP.

Le couvre-feu, en vigueur au Caire, à Alexandrie et Suez depuis vendredi, a été allégé. Il sera en vigueur de 17 heures à 7 heures locales (contre de 15 heures à 8 heures précédemment). Mais au Caire, de nombreux commerces sont toutefois restés fermés et les réseaux de transport étaient très perturbés, d’après la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira.

Quelle réaction des Égyptiens ?

Hosni Moubarak ayant refusé de céder à la principale revendication des manifestants – son départ immédiat – la grande inconnue reste de savoir quelle va être leur réaction.
Des milliers d’Égyptiens hostiles au président se sont à nouveau rassemblés sur la place Tahrir, même si la foule paraissait plus clairsemée que lors de la journée record de la veille.

Mais de nombreux partisans du président égyptien, sont aussi descendus dans les rues pour saluer le discours de la veille et demander un retour à la normale. Certains s’étaient rendus aux abords de la place Tahrir du Caire, centre névralgique de la contestation, pour défier des manifestants restés sur le même mot d’ordre que la veille. Mais la plupart des pro-Moubarak s’étaient rassemblés dans le quartier aisé de Mohandissine.

D’après l’AFP, une partie de ces derniers ont été transportés par autobus jusqu’au centre-ville du Caire, suggérant que leur manifestation a été organisée par le régime.
 

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