Aziz Miled, l’encombrant ami tunisien d’Alliot-Marie
La ministre française des Affaires étrangères a profité du jet privé d’un homme d’affaires tunisien proche des Ben Ali pendant ses vacances de Noël. Une accointance qui dessert Michèle Alliot-Marie, quinze jours après la chute du régime tunisien.
Michèle Alliot-Marie (MAM) s’empêtre dans le dossier tunisien. Après avoir proposé, au plus fort de la révolte, l’aide sécuritaire de la France à Tunis, c’est pour ses dernières vacances en Tunisie qu’elle est aujourd’hui critiquée. Le Canard Enchaîné vient de révéler mercredi 2 février que la ministre avait profité du jet privé de l’homme d’affaires Aziz Miled pour un trajet Hammamet-Tabarka entre Noël et le Nouvel An. Or, selon l’hebdomadaire satirique, Aziz Miled serait un proche du clan Ben Ali.
L’entourage de MAM a confirmé qu’elle avait bien, avec son compagnon Patrick Ollier, utilisé l’avion de leur « ami » Aziz Miled, mais qu’il n’était en aucun cas un fidèle des Ben Ali. Au contraire, a déclaré Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement, Miled en serait plutôt une victime. Belhassen Trabelsi, le beau-frère du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, aurait même « spolié » l’homme d’affaires au moment de la fusion de leurs deux compagnies aériennes.
« Aziz Miled est plus une victime qu’autre chose », a déclaré le ministre. « Le clan Ben Ali l’a obligé à céder des parts de sa compagnie d’aviation Nouvelair et les nouvelles autorités lui ont rendu ses parts », a confirmé le cabinet de la ministre. Michèle Alliot-Marie a dénoncé de « fausses allégations » et a refusé de démissionner.
Victime consentante
Pionnier du tourisme en Tunisie, Aziz Miled fait pourtant bien partie du cercle rapproché de la famille Ben Ali. Il apparaît dans le comité restreint des relations de l’ancien président et aurait été un important soutien financier pour le dictateur déchu, un des principaux bailleurs de fonds des campagnes du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, ex-parti au pouvoir).
Concernant la fusion de Nouvelair avec Karthago Airlines – la compagnie de Belhassen Trabelsi – Aziz Miled aurait donc été une « victime » consentante. Après avoir demandé à la compagnie financière Edmond de Rothschild d’étudier les conditions d’un rapprochement entre les deux groupes d’aviation dès 2006, la joint-venture est actée à l’automne 2008. Belhassen Trabelsi prend alors 21 % des parts du nouvel ensemble, qui conserve le nom de Nouvelair. Fort de ses 79 %, Aziz Miled, âgé de près de 70 ans, cède néanmoins le siège de PDG à son nouveau partenaire.
Difficile de savoir si ce marché s’est conclu libre de toute pression. Très respecté en Tunisie, Aziz Miled a connu, il est vrai, une période de désaveu… il y a dix ans. Il avait à l’époque souhaité faire construire une mosquée dans sa ville natale de Kairouan. Accusé par les autorités de favoriser la montée du fondamentalisme religieux, il avait dû y renoncer. Aziz Miled n’en a pas tenu rigueur au pouvoir, puisqu’il a, encore récemment – avant la révolution de janvier – appelé de ses vœux la réélection de Zine el-Abidine Ben Ali en 2014.
Après la fuite des Trabelsi mi-janvier, il a récupéré l’ensemble de ses parts et la présidence de Nouvelair. Aziz Miled figure par ailleurs sur la liste des personnes dont la Suisse a récemment gelé les avoirs, après la chute du régime Ben Ali, en raison des ses liens avec le clan Ben Ali-Trabelsi.
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