Blé Goudé : « Compaoré est le sosie de Sarkozy »

Le leader des « patriotes » et ministre de la Jeunesse et de l’Emploi de Laurent Gbagbo, Charles  Blé Goudé, refuse au nom de son camp que le président burkinabè Blaise Compaoré joue un rôle quelconque dans le règlement de la crise ivoirienne. Pourtant, celui-ci fait partie du panel des cinq chefs d’État récemment nommés par l’UA pour se rendre à Abidjan… Interview.

Charles Blé Goudé récuse le rôle de Blaise Compaoré au sein du panel de chefs d’État de l’UA. © Reuters

Charles Blé Goudé récuse le rôle de Blaise Compaoré au sein du panel de chefs d’État de l’UA. © Reuters

Publié le 1 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Que pensez-vous de la position des Nations unies qui accusent à mots couverts les "patriotes" d’agressions contre des Casques bleus ?

Je voudrais dire au représentant de l’ONU que le bon sens doit primer. Quand on est dans une mission de paix, on ne prend pas position. Les jeunes patriotes font ce que tous les démocrates du monde entier font. C’est-à-dire que quand ils veulent exprimer une position, ils manifestent. L’ONU doit encourager ces méthodes de protestation. Elle ne devrait pas couvrir ceux qui ont des machettes et qui tuent. Qu’est ce que l’ONU a fait pour tous ces déplacés qui se réfugient en Guinée ? Je souhaite que l’ONU puisse mettre balle à terre, avec plus de sang froid, pour régler la crise ivoirienne.

la suite après cette publicité

Si Ban Ki-moon jouait le rôle important qu’il souhaite dans les négociations menées par le panel des cinq présidents africains mandatés par l’UA, quel sera votre réaction ?

Ban Ki-moon n’a pas de rôle à jouer parce que sa personnalité, ses positions tranchées en Côte d’Ivoire sont opposées à la mission du panel, qui vient pour faire une investigation. Le panel vient pour évaluer la situation. La position de Ban Ki-moon est déjà connue. Il voulait qu’on règle la question ivoirienne par la voie militaire. Ensuite, il dit que Ouattara a déjà gagné. Nous voulons des gens plus neutres qui vont résoudre le contentieux électoral, comme cela a été fait en Afghanistan ou au Zimbabwe.

Pourquoi récusez-vous le rôle de Blaise Compaoré dans ce panel et quelles sont vos propositions ?

Blaise Compaoré n’est pas une solution pour la crise ivoirienne. Il est le problème. Il est la base arrière des rebelles [les ex-rebelles des Forces nouvelles dirigées par Guillaume Soro, NDLR]. C’est lui qui les organise. Blaise Compaoré est le sosie de Nicolas Sarkozy. Nous ne voulons pas de gens aux positions tranchées. Nous voulons des chefs d’État modérés dans ce panel. Il y a plusieurs Chefs d’État dans la Cedeao qui peuvent être représentés dans le panel, si tant est qu’on veut la présence d’un président de cette région dans le panel. Je n’ai pas de propositions personnelles à faire. Il faut le remplacer. En tout cas, il n’est pas le bienvenu ici.

la suite après cette publicité

Le recomptage des voix est-il possible ?

Pourquoi pas. Là où il y a un contentieux électoral, on cherche à le résoudre selon les règles en vigueur. Le recomptage est possible. On l’a fait aux États-Unis en 2000, pourquoi pas en Côte d’Ivoire ?

la suite après cette publicité

Le panel n’est-il pas voué à l’échec quand son but avoué est d’obtenir l’arrivée de Ouattara au pouvoir ?

Le panel des chefs d’État devra chercher à rencontrer tous les acteurs, discuter avec monsieur Ouattara, rencontrer le président Gbagbo. Que chaque équipe avance les preuves de la position qu’elle défend. Deuxièmement, le panel doit rencontrer la Commission électorale indépendante (CEI) dans sa globalité et le Conseil constitutionnel. Il devra enfin rencontrer Blaise Compaoré et faire le bilan de l’accord qu’il a parrainé à Ouagadougou en 2007. Si le panel s’écarte de cette feuille de route, c’est clair que sa mission sera vouée à l’échec car personne ne nous imposera un président.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’UA essaie de régler pacifiquement la crise post-électorale ivoirienne entre Ouattara et Gbagbo. © Émilie Régnier pour J.A.

L’UA joue la carte du panel présidentiel pour la Côte d’Ivoire

Contenus partenaires