Les risques d’une contagion révolutionnaire font débat au Maroc
Pendant qu’ une certaine frange de la presse débat sur les risques courus par le Maroc d’une contagion par le vent de révolte qui souffle au Maghreb, les autorités chérifiennes rejettent toute possibilité d’installation du scénario tunisien ou plus récemment égyptien.
La presse s’affole-t-elle pour rien ? Les autorités marocaines veulent en tout cas y croire, qui démentent tous signaux de « contagion » de la situation tunisienne – et désormais égyptienne – au royaume chérifien. Les journaux proches du pouvoir ont eux aussi dénoncé l’emballement des journaux d’opposition, qui prédisent ces jours-ci une révolte sociale au Maroc, à l’image de celle qui a conduit à la chute du président tunisien le 14 janvier dernier, ou qui réclame le départ du président égyptien depuis quelques jours.
Dimanche déjà, le gouvernement a démenti avec fermeté avoir rappelé ses troupes déployées dans le Sahara occidental pour parer à d’éventuelles manifestations dans des villes marocaines, comme l’affirmaient des médias espagnols. Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Firhi a convoqué l’ambassadeur d’Espagne et eu un entretien avec le chef de la diplomatie espagnole pour leur exprimer l’ « indignation » du Maroc face à ces « agissements irresponsables ».
Manifestation de solidarité
Et si la situation égyptienne faisait lundi la une de la plupart des journaux, poussant de nombreux Marocains à rester devant leurs téléviseurs pour suivre en direct les manifestations de masse, seule une petite centaine de personnes ont manifesté lundi après-midi à Rabat devant l’ambassade d’Égypte à l’appel de plusieurs ONG pour exprimer leur « solidarité » avec le peuple égyptien.
Le gouvernement marocain n’a de son côté pas fait de commentaires publics sur la situation en Égypte, mais la vivacité de sa réaction aux informations de la presse espagnole montre que le sujet est très sensible pour lui.
Il a d’ailleurs exprimé récemment sa détermination à maintenir les subventions sur les produits de base comme la farine, le sucre, l’huile et le gaz butane afin d’éviter que leurs prix ne flambent, ce qui ne manquerait pas de déclencher la colère populaire. En annonçant cette mesure, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khalid Naciri avait affirmé, la semaine dernière, que cette décision n’était pas influencée par la révolution tunisienne.
"Fabrication d’un mythe"
Dans une interview à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, Aboubakr Jamaï, fondateur d’un journal critique aujourd’hui disparu, Le Journal hebdomadaire, a ainsi suscité une levée de boucliers dans plusieurs journaux proches du pouvoir.
Il estime dans cette interview que « si le Maroc s’embrase, la disparité des richesses y est telle que la révolution y sera beaucoup plus sanglante qu’en Tunisie ». L’hebdomadaire Le Temps a dénoncé la « fabrication d’un mythe de la contagion » et a estimé que M. Jamaï faisait preuve d’une « méconnaissance inattendue de la situation politico-sociale du Maroc ».
Dans une interview publiée lundi par le quotidien espagnol El Pais, le prince Moulay Hicham, surnommé le « prince rouge » pour ses critiques de la monarchie, a lui estimé que si le « Maroc n’a pas été encore atteint » par la vague de contestation sociale et politique qui secoue les pays arabes, il « ne sera probablement pas une exception ». (avec AFP)
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