La culture s’invite au sommet de l’UA à Addis-Abeba
« La beauté en Afrique dans tous ses états », c’est le titre du concours photographique ayant regroupé plus de 200 artistes provenant de toute l’Afrique à Addis-Abeba. Les gagnants ont permis à la culture de se faire une place lors de ce sommet de l’UA consacré aux crises politiques qui jalonnent le continent.
Certes, la culture n’était pas au centre des discussions lors du sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu les 30 et 31 janvier 2011 à Addis-Abeba (Éthiopie) : les crises en Côte d’Ivoire, en Tunisie et en Égypte occupaient tous les esprits… Pourtant, les chefs d’État et les participants qui se sont réunis dans le bâtiment de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique ont pu bénéficier d’un bref aperçu du talent des jeunes photographes africains. Cinq d’entre eux, venus des cinq principales régions d’Afrique, ont en effet pu exposer trois de leurs œuvres.
Ces cinq photographes professionnels sont les gagnants d’un concours organisé par la Commission de l’UA et l’Union européenne, en partenariat avec l’agence française Collateral Creation. Quelque deux cents participants ont soumis leurs travaux au regard critique de deux spécialistes : le photographe malien Malik Sidibé et la commissaire, Christine Barthe, responsable scientifique de l’unité patrimoniale des collections photographiques du musée du Quai Branly (Paris).
À chacun sa beauté
Le premier prix du concours, doté de l’équivalent de 3 000 euros en matériel photographique, a été attribué au Mozambicain Carlos Litulo (31 ans). Toutes ses images montrent une Afrique en mouvement, comme portée par une force qui la soulèverait de terre. À rebours de ces habituels clichés misérabilistes qui n’expriment pas toute la réalité du continent, elles collent au thème du concours : « La beauté en Afrique dans tous ses états ».
Les quatre autres photographes, qui ont chacun reçu en matériel photographique l’équivalent de 1 000 euros, ont abordé le sujet de manières bien différentes. Étonnant, l’Éthiopien Michael Tsegaye s’est rendu dans un cimetière – peut-être pour y dénicher une beauté enfouie, transmise par les aïeux et toujours présente. Il y a photographié des images funéraires, portraits délavés par la pluie, devenus presque invisibles derrière leurs cadres brisés, fantomatiques…
Œuvre de Carlos Litulo, présentée au concours de l’UA.
© Carlos Litulo
Plus proche du quotidien de la rue africaine, le Nigérian Nseabasi Akpan s’est pour sa part attaché à l’aspect œcuménique du football qui réunit sur les mêmes terrains jeunes et moins jeunes de diverses extractions. Original, le Sud-Africain Daniel Naudé s’intéresse surtout aux relations entre les hommes et les animaux avec lesquels ils vivent tous les jours : vaches, chèvres, moutons. « Comment nous comportons nous avec les animaux que nous élevons pour manger ? », semble-t-il demander, sans porter de jugement hâtif. Le Congolais Baudouin Mouanda fait aussi parti des gagnants. On ne présente plus son travail sur la sape, qui lui a déjà valu bien des récompenses, notamment lors de la biennale de Bamako en 2009.
Enfin, alors que le Maroc ne participe pas aux sommets de l’Union africaine, Leïla Gandhi représentait son pays à sa manière. C’est-à-dire avec des images porteuses d’une vraie douceur qui résonnaient en cette période de crise comme un vigoureux encouragement à la paix. Deux hommes se tenant la main, des enfants en train de jouer ou encore des femmes réunies en un lieu indéterminé. Trois photos pour illustrer trois idées : la fraternité, l’amitié, la diversité. Reste à espérer que les hommes politiques réunis à Addis-Abeba s’inspireront de ces images réalisées par une marocaine de 30 ans.
Œuvre de Carlos Litulo, présentée au concours de l’UA.
© Carlos Litulo
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