Mohamed el-Baradei investi porte-parole de l’opposition égyptienne
L’opposition égyptienne s’organise et a désigné Mohamed el-Baradei pour négocier avec le pouvoir. Dans les principales villes, la contestation se poursuit et le chaos s’installe.
Ils se sont tous mis d’accord. L’ensemble des partis d’opposition rassemblés dans la « Coalition nationale pour le changement » – parmi lesquels les Frères musulmans – a désigné dimanche 30 janvier Mohamed el-Baradei pour mener les négociations avec le régime d’Hosni Moubarak, en proie à une contestation sans précédent depuis une semaine.
L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est donc chargé de « négocier avec le pouvoir ». En voyage à l’étranger, il avait effectué un retour très médiatisé en Égypte, jeudi, avant de se joindre à la foule des manifestants qui ont réclamé vendredi, lors d’une journée de mobilisation populaire, le départ d’Hosni Moubarak. Mohamed el-Baradei avait alors déclaré être « prêt à mener la transition » en Égypte si le peuple le lui demandait.
Les Frères musulmans, principale force d’opposition dans le pays, ont rejeté les nominations d’un vice-président et d’un nouveau Premier ministre samedi, décidées par le président Moubarak pour calmer la révolte. Ce dernier a respectivement nommé à ces postes Omar Souleimane et Ahmed Chafik, deux membres influents – et appréciés par l’opinion publique – de l’entourage présidentiel. Les Frères musulmans, ont dénoncé « une tentative pour contourner les revendications du peuple et pour faire avorter sa révolution ».
Chars d’assaut et avions de chasse
Partout dans le pays, la colère du peuple ne semble pas faiblir et s’est une nouvelle fois illustrée au cours d’une sixième journée de mobilisation ce dimanche. Un dernier bilan fait état de près de 125 personnes tuées et de milliers de blessés dans la répression des manifestations depuis mardi. Des policiers figurent aussi parmi les victimes.
« Moubarak dégage ! », scandaient encore des milliers de manifestants à la mi-journée à Midan Tahrir, la place de la Libération, dans le centre du Caire.
La protestation ne se limitait pas au Caire. Ainsi à Mansoura (delta du Nil), 5 000 manifestants ont afflué vers le siège du gouvernorat, réclamant le départ du président sur des pancartes signées des « Jeunes d’Égypte ».
Des émeutes ont éclaté cette nuit dans plusieurs prisons. Des milliers de détenus se sont évadés de la maison d’arrêt de Wadi Natroun. Des dizaines de corps gisaient sur la chaussée près d’une autre prison de l’est du Caire. Un journaliste de l’AFP a vu 14 corps apportés dans une mosquée proche, mais selon les habitants, il y en aurait « beaucoup d’autres ».
Des soldats et un char sur la place Tahrir, au Caire, le 30 janvier.
©AFP
Forte présence de l’armée
Après de nombreux pillages au Caire, soumis tout comme les grandes villes d’Alexandrie et de Suez au couvre-feu de 16h00 à 08h00, l’armée semblait plus présente et plus ferme dimanche dans les rues. Et des comités de quartiers remettaient les pillards aux forces armées. Dans le chaos ambiant, deux momies de l’époque pharaonique entreposées au Musée égyptien au Caire, ont été endommagées lors d’une tentative de vol.
L’armée a bouclé le centre-ville avec des chars d’assaut, et des avions de chasse ont survolé la capitale à basse altitude dans l’après-midi. Hosni Moubarak a par ailleurs visité dans la matinée le centre opérationnel de l’armée.
Les ressortissants étrangers fuient le pays
Les États-Unis se préparent à évacuer leurs ressortissants actuellement en Égypte. La Libye et la Turquie ont prévu des avions pour faire de même.
Mais la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a toutefois assuré qu’il n’était pas question de suspendre l’aide à l’Égypte, principal allié des États-Unis dans le monde arabe. Elle a plaidé pour « une transition en bon ordre » et estimé que le processus était « à peine au début ».
Destination touristique très prisée en cette saison, l’Égypte a vu aussi ses touristes déserter le pays, la plupart des voyagistes ayant choisi d’annuler les départs.
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