Les promesses de Moubarak ne suffisent pas aux Égyptiens

Le président égyptien est sorti de son silence en promettant à la population des  réformes et la nomination d’un nouveau gouvernement. Mais les manifestations, qui ont fait 20 morts vendredi, se poursuivaient samedi.

Hosni Moubarak lors de son allocution télévisée, le 28 janvier. © AFP

Hosni Moubarak lors de son allocution télévisée, le 28 janvier. © AFP

Publié le 29 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Face à la colère de la rue, le président égyptien a finalement été contraint de prendre une décision, après quatre jours de silence. Dans une allocution télévisée, prononcée dans la nuit de vendredi à samedi 29 janvier, Hosni Moubarak a annoncé qu’il limogeait tout le gouvernement. Un nouveau cabinet dot être nommé dans la journée. Le président a aussi promis une série de réformes, principalement économiques. Il a promis de « nouvelles mesures pour endiguer le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres » en Égypte.

Mais les manifestations, qui ont fait 27 morts en quatre jours – dont 20 dans la seule journée d’hier – devraient se poursuivre aujourd’hui. Des milliers de contestatires hostiles au régime ont commencé à se rassembler samedi matin dans le centre du Caire. Les manifestants ne se sont pas satisfaits du discours du président, dont ils réclament le départ depuis le début de la semaine.

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Fin de l’autorité

Il s’agit de la plus grave crise de confiance à laquelle est confrontée Hosni Moubarak, 82 ans, depuis son arrivée au pouvoir il y a trente ans. Vendredi, devant l’ampleur des manifestations, il  a demandé à l’armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police, débordée par cette mobilisation populaire sans précédent. Hosni Moubarak s’est toujours appuyé sur un redoutable appareil policier et un système dominé par un parti politique qui lui est entièrement dévoué. Mais cette semaine, ces symboles d’autorité ont été largement écornés.

Des scènes de liesse entre armée et manifestants ont été observées par des journalistes sur place. En soirée, des soldats lançaient des signes de victoire à des milliers de manifestants ayant bravé le couvre-feu (18h00 – 07h00) dans la capitale et des policiers serraient la main de manifestants.

Un peu plus tôt dans la soirée, le siège du parti national démocratique (PND, au pouvoir) avait été incendié par les manifestants au Caire, tout comme deux commissariats de la capitale. Ailleurs à travers l’Égypte, des commissariats et les sièges du parti politique ont aussi été pris pour cibles.

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La communauté internationale unanime

La communauté internationale, qui craint de voir se reproduire le schéma tunisien qui a conduit il y a deux semaines à la chute du régime Ben Ali, a promptement réagi hier. Le président américain s’est directement entretenu avec Hosni Moubarak au téléphone vendredi soir. Peu avant, Washington avait réclamé aux autorités d’observer de la retenue, de ne pas empêcher les manifestations pacifiques et de procéder le plus vite possible à des réformes jugées nécessaires.

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La diplomate en chef de l’Union européenne, Catherine Ashton, a appelé à la libération « immédiate et sans condition » des manifestants arrêtés.

Londres a appelé à des « réformes » alors que Berlin demandait à Hosni Moubarak d’autoriser les « manifestations pacifiques ».

Paris a appelé à « la retenue » et « au dialogue » alors que Rome réclamait la « fin immédiate de tout type de violence ».

Plusieurs pays, et notamment les États-Unis, alliés de l’Égypte, avaient fermement réclamé plus tôt dans la journée le rétablissement du réseau internet et mobile. L’internet et les services de téléphonie, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays.

Voir ici les événements du 28 janvier.

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