L’Égypte prépare-t-elle sa « révolution » ?
L’agitation, du Caire à Suez, prend de l’ampleur. Mohamed el-Baradei, l’un des principaux opposants égyptiens, s’est dit prêt à « mener la transition ». La communauté internationale a, elle, appelé les autorités au respect des libertés.
La contestation ne semble pas près de retomber en Égypte, où deux premières journées de mobilisation contre le pouvoir – mardi et mercredi – se sont soldées par la mort d’au moins six personnes et par l’arrestation de près d’un millier de manifestants selon un dernier bilan.
Les appels à la révolte se multiplient, en dépit de l’état d’urgence en vigueur depuis trente ans qui interdit tout rassemblement. Le « Mouvement du 6 avril », un groupe de militants pro-démocratie qui avait déjà relayé la contestation sur internet, est à l’origine d’un nouvel appel à manifester vendredi 28 janvier, après la prière.
El-Baradei prêt pour la transition
Mohamed el-Baradei, figure de l’opposition égyptienne en séjour à l’étranger a fait connaître son intention de rentrer plus tôt que prévu en Égypte, afin de se joindre à la foule des protestataires ce vendredi. Ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed el-Baradei s’est dit prêt à « mener la transition » politique dans son pays si les Égyptiens en formulaient le souhait.
« Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrais pas », a-t-il déclaré devant des journalistes à l’aéroport de Vienne, avant de prendre un avion qui doit le ramener en Égypte dans la soirée.
El-Baradei, fervent opposant au président égyptien Hosni Moubarak, avait, au lendemain des élections législatives contestées de novembre dernier, mis en ligne sur sa page Facebook un appel à boycotter la présidentielle de 2011 après avoir tenté la même opération, sans grand succès, peu avant les législatives.
Appels de la communauté internationale
Hier encore peu diserte sur la situation électrique en Égypte, la communauté internationale semble aujourd’hui craindre un embrasement similaire à celui qui a conduit, il y a quelques semaines en Tunisie, à la chute du régime du président Zine el-Abidine Ben Ali. Les États-Unis, qui comptent l’Égypte parmi leurs alliés dans la région, avaient commencé par assurer Hosni Moubarak de leur soutien. Mais la secrétaire d’État Hillary Clinton a changé de ton mercredi.
« Nous soutenons les droits universels du peuple égyptien, notamment la liberté d’expression, d’association et de rassemblement et nous appelons les autorités égyptiennes à ne pas empêcher les manifestations pacifiques et à ne pas bloquer les communications, particulièrement celles des réseaux sociaux », a-t-elle déclaré.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Bernard Valéro, s’est exprimé jeudi en demandant à l’Égypte de « respecter la liberté d’expression ». La France reste « attentive au sort des centaines de personnes arrêtées » après les manifestations.
Enfin, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, a demandé aux autorités égyptiennes de « respecter » la liberté de leurs citoyens de manifester pacifiquement pour défendre leurs droits.
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