Les réseaux sociaux étouffés, la révolte égyptienne continue dans la rue

Pour la deuxième journée consécutive, la population égyptienne est descendue dans la rue pour protester contre le pouvoir. Twitter et Facebook, par lesquels transitaient les appels au rassemblement, ont été bloqués dans le pays.

La page du « Mouvement du 6 avril » sur Facebook. © D.R.

La page du « Mouvement du 6 avril » sur Facebook. © D.R.

Publié le 26 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Si la rumeur de la fronde enfle dans la rue égyptienne, elle est en revanche muselée sur les réseaux sociaux. Hier mardi 25 janvier, alors qu’une violente manifestation avait lieu dans la ville du Caire, le site de micro-blogging Twitter a été bloqué dans tout le pays. Twitter a confirmé l’information mercredi matin mais n’a pas pu en donner les raisons. Et c’est à présent au tour de Facebook d’être inaccessible en Égypte depuis la mi-journée, au moment où une seconde mobilisation populaire se déroulait.

Rassemblés à  l’appel du groupe de militants « Mouvement du 6 avril », les contestataires entendaient rester mobilisés « jusqu’au départ de Moubarak », malgré l’interdiction de manifester.

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Une blogueuse, enseignante au Caire, a  indiqué mercredi  après-midi sur son blog hébergé par Mediapart : « La connexion internet devient très difficile […] Twitter et Facebook maintenant sont bloqués. »

Si les raisons de cette étrange « panne »  ne sont pas encore connues, elles rappellent l’attitude des autorités en Tunisie pendant le mouvement de révolte qui s’est mué en révolution au mois de janvier. En mettant un coup d’arrêt à ces types de communication, les autorités avaient reconnu implicitement l’ampleur de la révolte.
 


Manifestation, le 25 janvier au Caire.
© AFP

Censure égyptienne

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À l’image de la Tunisie, où la jeunesse avait relayé ses appels à manifester via les réseaux sociaux, les Égyptiens aussi se sont organisés en passant par Twitter et Facebook. Lundi soir, à la veille de la première manifestation, ce sont plus de 87 000 utilisateurs qui avaient déclaré qu’ils iraient manifester contre le pouvoir dans la rue le lendemain.

Même si Reporters sans frontières (RSF) a classé l’Égypte de Hosni Moubarak  parmi les « pays ennemis d’internet », les autorités n’ont jamais, jusqu’à présent, bloqué l’accès à certains sites web. La censure égyptienne est plus pernicieuse, selon l’association de défense des droits de la presse. Elle s’exerce via le « harcèlement » des acteurs du Net égyptien,  notamment des blogueurs influents. « En 2008, plus de 500 d’entre eux ont été arrêtés pour "atteinte à la sécurité nationale", principalement en vertu de la loi d’état d’urgence. La répression a continué en 2009 et les détenus sont souvent victimes de mauvais traitements », explique RSF sur son site internet.

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RSF souligne également que la lutte contre le terrorisme a été l’occasion de renforcer l’encadrement d’internet par les autorités. Facebook serait ainsi « surveillé plus que bloqué ».

La famille Moubarak en fuite ?

Désormais, l’Égypte est semble-t-il passée à la vitesse supérieure. Mais le blocage des réseaux sociaux n’a pas atteint ses objectifs puisque sur Twitter, les informations continuent tout de même d’affluer. Et les utilisateurs parviennent encore à « twitter » en utilisant des SMS ou des applications tierces.

Des militants pro-démocratie ont par ailleurs contre-attaqué en diffusant des conseils techniques pour contourner ces blocages « afin de permettre à la mobilisation de se poursuivre », rapporte l’AFP.

Dans la rue, la mobilisation s’est effectivement poursuivie aujourd’hui au Caire, mais aussi à Suez où 2 000 manifestants faisaient face aux forces de l’ordre.  « Selon les internautes, les gens qui étaient sur Facebook sont tous descendus dans la rue après le blocage du site », rapporte par ailleurs la page des Observateurs de France 24 ce mercredi en début d’après-midi.

Des rumeurs, encore non confirmées, indiquent que certains membres de la famille du chef de l’État – dont la première dame Suzanne Moubarak et son fils Gamal – se seraient déjà mis à l’abri en dehors du pays. Envolés à destination de Londres, dit-on dans la presse américaine.

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