Le ministère de l’Intérieur dissout le parti de Mba Obame, président autoproclamé du Gabon

Le ministère gabonais de l’Intérieur a vigoureusement réagi à l’autoproclamation d’André Mba Obame comme président du Gabon. Son parti a été dissous avec effet immédiat, et il risque d’être « traduit devant les tribunaux ». Il a répliqué, affirmant que le président gabonais Ali Bongo allait « partir comme Ben Ali » de Tunisie et que « la révolution gabonaise [était] en marche ».

André Mba Obame est donc désormais officiellement sans parti. © Vincent Fournier pour J.A.

André Mba Obame est donc désormais officiellement sans parti. © Vincent Fournier pour J.A.

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 26 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

La réaction de Libreville n’a pas tardé. Après que André Mba Obame, le principal opposant gabonais, s’est autoproclamé président mardi sur sa chaîne TV+, le ministère l’Intérieur a décidé de dissoudre purement et simplement son parti, l’Union nationale (UN), avec effet immédiat. Le ministre, Jean-François Ndongou, avait déjà évoqué cette éventualité dans un communiqué signé au nom du gouvernement. Mais selon un responsable anonyme du ministère, la dissolution a été décidée « avec effet immédiat ».

André Mba Obame et son « équipe gouvernementale insurrectionnelle » sont accusés par le ministère de l’Intérieur d’avoir « violé gravement la Constitution », ce qui « constitue un crime de haute trahison puni par la loi . […] De ce fait, ils encourent les sanctions et peines prévues par la loi », précise le ministre. Qui cite notamment « la traduction des intéressés devant les tribunaux compétents de la République », « la demande de levée de l’immunité parlementaire du député André Mba Obame auprès de l’Assemblée nationale » en plus de « la dissolution du parti Union nationale ».

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Mba Obame est réfugié depuis mardi soir au siège du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Libreville et affirme qu’il n’en sortira pas tant que quand l’ONU aura répondu à sa demande de reconnaissance. « On est venu pour déposer la lettre à M. Ban Ki-moon [secrétaire général de l’ONU, NDLR]. On attend ici [sa] réponse. Mais les militants et nous ne partirons pas tant que nous n’avons pas une réponse claire, a-t-il affirmé. Nous avons des objectifs, dont celui de se faire reconnaître par la communauté internationale et lui signaler la nouvelle donne au Gabon. Nous attendons la réaction, nous nous organiserons en fonction. »

Les révélations de "Françafrique"

S’inspirant notamment du cas ivoirien, l’opposant s’était récemment fondé sur un extrait du documentaire Françafrique diffusé sur la chaîne française France 2 en décembre dernier, pour revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle de 2009. Dans le documentaire, Michel de Bonnecorse, ex-conseiller Afrique du président français Jacques Chirac, affirmait que les résultats d’Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame avaient été inversés.

Michel de Bonnecorse s’était ensuite rétracté évoquant le « montage » de ses propos et affirmant : « Je disais que la dernière rumeur du jour […] c’était que c’était inversé [le résultat]. En aucune façon, je n’ai endossé cette affaire, mais j’ai sans doute été maladroit. »

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Cependant, l’Union nationale, le parti fondé par André Mba Obame avec par trois partis et six candidats battus lors de la présidentielle dont Jean Eyéghé Ndong (ex-Premier ministre), Casimir Oyé Mba (ex-Premier ministre et ex-ministre des Mines), Jean Ntoutoume Ngoua,  Bruno Ben Moubamba et Zacharie Myboto, avait immédiatement appelé Ali Bongo Ondimba à la démission.

André Mba Obame est donc allé plus loin mardi soir, prêtant serment sur la Constitution gabonaise à la télévision et formant un gouvernement. « Nous ne sommes pas plus lâches que les Ivoiriens. Nous ne sommes pas plus lâches que les Tunisiens. Alors, l’Histoire est en marche, on y va ! », avait-il lancé. Mercredi, il a enfoncé le clou dans un entretien à l’AFP, estimant qu’Ali Bongo allait « partir comme Ben Ali » de Tunisie et que « la révolution gabonaise [était] en marche ».

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