Tunisie : la mobilisation antigouvernementale ne faiblit pas
Des milliers de manifestants protestent toujours à Tunis devant la Primature pour réclamer le départ des membres du gouvernement jugés trop proches de l’ancien régime. Parallèlement, les appels à la grève se multiplient.
Ni la prise de parole rassurante du général Rachid Ammar, très populaire, ni l’annonce d’un remaniement imminent n’ont vraiment calmé les manifestants qui réclament depuis une semaine le départ de certains membres du gouvernement. Ils étaient encore plusieurs milliers, mardi, à crier des slogans hostiles au cabinet de Mohamed Ghannouchi devant les grilles de la Primature, dans la kasbah de Tunis.
À l’aube, un millier de manifestants ont constitué les premiers bataillons, qui n’ont fait que se renforcer au cours de la journée avec, notamment, des dizaines d’étudiants et de lycéens. Dans l’après-midi des échaufourrées ont éclatés entre certains opposants et quelques centaines de manifestants qui étaient descendus dans la rue pour soutenir le gouvernement, avant de replier chemin sous la pression des anti-Ghannouchi. La foule présente devant la Primature était cependant moins nombreuse que la veille. Seulement, certains ne sont pas près de partir.
"Comme un cancer"
Bravant le couvre-feu toujours en vigueur, la grande majorité des manifestants ont campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la place de la Kasbah, sous les fenêtres des bureaux du Premier ministre. « Ils doivent partir, nous resterons jusqu’à ce qu’ils partent », a déclaré à l’AFP Mehrezia Mehrez, une femme au visage voilé. Encore allongée sous une couverture, elle est venue de Kasserine (centre-ouest) avec son mari et ses deux petites filles. « La bataille se jouera à Tunis. C’est pour cela que nous sommes venus. Il faut faire tomber le gouvernement. Ils sont comme un cancer, il faut tout nettoyer, on ne peut pas en laisser un bout », lançait Lotsi Abbes, un pharmacien du sud du pays, avant d’ajouter : « On ne se satisfera pas d’un remaniement. »
Le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, qui occupait cette même fonction sous le régime Ben Ali, s’est dit « prêt à partir à n’importe quel moment », dans une interview au quotidien tunisien La Nation. « L’essentiel pour moi est de voir se concrétiser le rêve et la volonté du peuple, avec ou sans moi », a ajouté Morjane, souvent présenté comme le favori de Washington pour la succession au président déchu Zine el-Abidine Ben Ali.
Dans ce contexte, la centrale syndicale tunisienne ne change pas de ligne. La section régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) de Sfax, deuxième ville du pays, a appelé mardi à une « grève générale » pour le lendemain, mercredi 26 janvier, de manière à obtenir le changement du gouvernement de transition.
Multiplication des grèves
« L’Union régionale appelle à une grève générale dans la province de Sfax mercredi 26 janvier pour soutenir les revendications du peuple, qui demande la démission du gouvernement et la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique [RCD, ex parti au pouvoir] », selon un communiqué.
L’union syndicaliste de Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, a toutefois demandé d’assurer un « service minimum » dans les secteurs essentiels pour la vie de la population (eau, électricité, hôpitaux…). Quant aux instituteurs du primaire, ils observaient mardi une deuxième journée de « grève illimitée » tandis que le syndicat national de l’enseignement secondaire a appelé à une journée de grève jeudi et à participer aux manifestations pour « la dissolution du gouvernement qui a été imposé » aux Tunisiens. Le syndicat national des enseignants du primaire a cependant annoncé en fin de journée que les cours reprendraient à partir du mercredi 26 janvier, après les deux jours de « grève sectorielle », qu’il a qualifiée de « grand succès ». (Avec AFP)
Voir le reportage photo de Nicolas Fauqué (www.imagesdetunisie.com)
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