WikiLeaks : Bouteflika réélu « à la Brejnev » en 2009 ?

WikiLeaks a publié des télégrammes émanant de l’ambassade américaine à Alger. Ils sont datés de 2009, peu après la réélection d’Abdelaziz Bouteflika, et laissent penser que le scrutin a été « truqué ».

Abdelaziz Bouteflika exerce le pouvoir depuis 1999 en Algérie. © AFP

Abdelaziz Bouteflika exerce le pouvoir depuis 1999 en Algérie. © AFP

Publié le 25 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Alors que l’Algérie est aux prises avec un mouvement de révolte depuis le début du mois de janvier, les dernières révélations du site WikiLeaks risquent d’apporter un peu plus d’eau au moulin des contestataires. De nouveaux mémos diplomatiques viennent d’être publiés, dans lesquels l’ambassadeur américain en poste à Alger en 2009 met clairement en doute la fiabilité du scrutin présidentiel du mois d’avril de la même année.

Le 9 avril 2009, Abdelaziz Bouteflika est réélu à la tête du pays avec 90,24 % des suffrages. Il est au pouvoir depuis 1999 et a fait réviser la Constitution algérienne en novembre 2008 afin de pouvoir se représenter au-delà des deux mandats. C’est Noureddine Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, qui a annoncé les résultats quelques heures à peine après la fermeture des bureaux de vote. Verdict : un taux de participation très élevé (74,54 % des 20 millions d’électeurs inscrits se seraient rendus aux urnes) alors même que les observateurs s’attendaient à beaucoup moins, au regard des précédentes élections de 2004 (59,26 %).

la suite après cette publicité

Et c’est là que le bât blesse. Pour la chancellerie américaine, le taux de participation a été largement gonflé dans la version officielle.  En réalité, il serait plus proche de 25 ou 30 %, indique le télégramme du diplomate daté du 13 avril 2009, dans lequel il est rapporté que les bureaux de vote de la capitale sont restés « vides ».

Faux reportages télévisés

Le diplomate dénonce une élection « soigneusement chorégraphiée » et « fortement contrôlée » par le pouvoir, dont les résultats officiels auraient été qualifiés de « brejnéviens » par le principal parti d’opposition. Brejnev, du nom du dirigeant soviétique qui bénéficia entre 1964 et 1982 de véritables « plébiscites » lors d’élections pour le moins « contrôlées » en URSS.

Le télégramme fait allusion à un « rapport privé » de l’ONU dans lequel le processus électoral, « de plus en plus détaché de la population », est aussi décrit comme mettant l’opposition et la société civile « dos au mur ».

la suite après cette publicité

Pire, le télégramme révèle un « bidonnage » des reportages diffusés par la télévision officielle le jour de l’élection. On peut y voir une foule de votants vêtus pour affronter des températures fraîches, alors que le mois d’avril en Algérie a été plutôt ensoleillé et chaud, relate le mémo diplomatique. Des images d’archives auraient donc été diffusées par les médias, à la place des réelles scènes de vote – lesquelles n’auraient montré que des bureaux vides et un personnel désœuvré…

____
 

la suite après cette publicité

Lire le câble diplomatique dans son intégralité et dans sa version originale ici.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires