Élections en Centrafrique : l’opposition dénonce des « fraudes massives »
Deux jours après les élections présidentielle et législatives, trois adversaires du président François Bozizé dénoncent des irrégularités. Une attitude qui n’exprime qu’un « aveu d’échec » de l’opposition selon le camp présidentiel.
À Bangui, la Commission électorale indépendante (CEI) n’a pas encore annoncé les résultats provisoires des élections présidentielle et législatives du 23 janvier. L’opposition centrafricaine, elle, s’est déjà exprimée. Réunis dans un Collectif des forces de changement (CFC), Martin Ziguélé, Émile Gros Nakombo et Jean-Jacques Démafouth, trois des quatre candidats qui ont affronté à la présidentielle le chef de l’État sortant, François Bozizé, ont tenu une conférence de presse le 25 janvier au matin.
À leurs côtés également, Nicolas Tiangaye, porte-parole du CFC et adversaire de François Bozizé aux législatives du 4e arrondissement de Bangui. Alignés derrière une table, ils ont dénoncé des « fraudes massives et ostentatoires dans toutes les circonscriptions électorales » et annoncé leur intention d’introduire un recours en annulation auprès de la Cour constitutionnelle, une fois que celle-ci aura proclamé les résultats définitifs. Les journalistes avaient auparavant reçu un « tableau synoptique des irrégularités ». « Nombreuses omissions sur les listes électorales », « achat de conscience par le KNK [Kwa na kwa – le travail, rien que le travail en langue songo -, parti au pouvoir, NDLR]», « bourrage des urnes »… Le document recense les entraves au scrutin pour chacune des 16 préfectures du pays.
"Plan machiavélique"
Martin Ziguélé, président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), s’était muni d’un petit colis en papier kraft qu’il a ouvert devant l’assistance. Il est selon lui rempli de « cartes d’électeurs parallèles ». Jean-Jacques Démafouth a provoqué un éclat de rire en évoquant le cas de son fief, Sibut, à 150 km au Nord-Est de Bangui. « Mon père a une résidence là-bas. Il y a aussi quatre oncles qui ont chacun deux femmes. J’ai quand même au moins vingt électeurs. Mais figurez-vous qu’avec tout cela, je n’ai eu que trois voix ! »
« La coalition de l’opposition présente au total 213 candidats aux législatives. Jusqu’à maintenant, aucun n’est donné gagnant dans son fief ! », a dénoncé Émile Gros Nakombo. Selon le CFC, ces résultats sont le fruit d’un « plan machiavélique ourdi et arrêté de longue date » par le chef de l’État et son parti.
« Ce sont des prétextes, c’est un aveu d’échec de l’opposition », a réagi Fidèle Gouandjika, porte-parole du gouvernement et directeur national adjoint de campagne de François Bozizé, contacté par jeuneafrique.com. Quatre heures après la conférence de presse de l’opposition, le secrétaire général du KNK, Elie Oueifio, a rassemblé quelques journalistes au siège du parti. Interrogé sur les intentions de recours des candidats du CFC, il a déclaré, serein : « Le code électoral a prévu tous les mécanismes de recours », avant d’ajouter qu’il était « trop tôt pour avoir un tableau complet de toute la situation du pays. » Le chef du parti au pouvoir a également imputé les accusations de l’opposition à sa « mauvaise foi » : « Ils sont obnubilés par des gains égoïstes et en butte avec leur propre conscience ».
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