Ouattara ordonne l’arrêt des exportations du café et du cacao ivoiriens
Dans un communiqué, le gouvernement d’Alassane Ouattara a « informé les opérateurs économiques » de « l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao ». Par cette mesure, le président élu espère assécher les finances l’appareil d’État ivoirien, toujours contrôlé par le président sortant Laurent Gbagbo.
Nouvelle bataille entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, sur le front économique cette fois. Dans un communiqué, le gouvernement nommé par Alassane Dramane Ouattara, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, toujours cloîtré à l’hôtel du Golf, à Abidjan, a ordonné l’arrêt de toute exportation de cacao et de café.
Le gouvernement « informe les opérateurs économiques de l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao », peut-on lire dans ce texte signé de Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara. Une annonce qui a eu pour premier effet de faire sursauter la bourse. Après avoir déjà enregistré une hausse de près de 14% sur la semaine dernière, les cours de la fèvre brune ont accéléré lundi leur progression, bondissant de plus de 6% dans les premiers échanges par rapport à leur clôture de vendredi.
Ressources fiscales
Premier producteur et exportateur de cacao au monde, la Côte d’Ivoire est très dépendante de cette denrée pour ses ressources fiscales. Avec le café (pour lequel la Côte d’Ivoire est le 12e producteur mondial), il représente 40 % de ses recettes d’exportations et environ 20 % de son PIB.
Or l’essentiel de la production et de l’exportation de ces deux ressources restent pratiquement contrôlée par l’administration restée fidèle à Laurent Gbagbo. Le port de San Pedro (sud-ouest), premier port d’exportation de cacao au monde, est notamment toujours sous le contrôle du camp Gbagbo.
Disposant de peu de moyens sur le terrain pour s’assurer de l’effectivité de cette mesure, le gouvernement Soro menace : « Les contrevenants à cette mesure seront considérés comme finançant les activités de l’administration illégitime de Monsieur Laurent Gbagbo et s’exposent à des sanctions internationales, sans préjudice des poursuites pénales des juridictions nationales », affirme le communiqué. Cette mesure doit prendre effet dès ce lundi 24 janvier et être appliqué jusqu’à la date (assez mystérieuse) du 23 février.
Étouffement économique
Alors que les États voisins semblent toujours déterminés à faire céder Laurent Gbagbo, sans toutefois souhaiter une intervention militaire prochainement, la stratégie de l’étouffement économique du camp Gbagbo se poursuit.
Samedi, le Gouverneur de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Philippe-Henri Dacoury-Tabley (un proche de Laurent Gbagbo) a dû céder à la pression et démissionner. Il lui était reproché, notamment par le camp Ouattara, de ne pas appliquer la décision du conseil des ministres des Finances de la région, lui enjoignant de refuser tout contrôle des comptes de la Côte d’Ivoire par le camp Gbagbo.
Raidissement nationaliste
L’entourage du président sortant a semblé se raidir sur des positions nationalistes en conséquence, accusant notamment la France d’être derrière la menace d’intervention militaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
« La France a finalement décidé de faire porter le masque à la Cedeao pour nous attaquer. Nous ne voulons pas de guerre dans ce pays », a déclaré dimanche Charles Blé Goudé, le ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo et leader des « Jeunes patriotes » devant plusieurs milliers de partisans dans un stade d’Abidjan.
À l’adresse des chefs d’États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Charles Blé Goudé a lancé : « Vous qui êtes réunis à Bamako, si c’est pour placer un ami à la tête de la Côte d’Ivoire, vous trouverez une jeunesse debout. »
Les dirigeants de l’UEMOA « se sont réunis […] pour nous étouffer économiquement et nous allons leur démontrer le contraire […] Nous allons refuser de tendre la main », a ajouté Blé Goudé. Il conclut : « Il est grand temps que la Côte d’Ivoire batte sa propre monnaie. » (avec AFP)
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