Centrafrique : fin de campagne électorale à Bangui
Le 21 janvier, Martin Ziguélé et François Bozizé ont tenu leur dernier meeting à Bangui. Morceaux choisis.
« Il faut faire sortir Bozizé ! » répète Martin Ziguélé en mimant un coup de pied. Il est 16h30, nous sommes le 21 janvier. Costume vert sombre, écharpe blanche sur les épaules, le candidat du Mouvement pour la libération du peuple centrafricain (MLPC) entame à Bangui son dernier meeting avant la présidentielle du 23 janvier, la campagne s’achevant le 21 à minuit.
De retour d’une tournée à l’intérieur du pays, il a choisi Bangui et le rond-point Omar Bongo Ondimba, où trône une statue de l’ancien président du Gabon, pour cette ultime étape. Plus qu’Ange-Félix Patassé, ancien chef du MLPC et aujourd’hui candidat indépendant, le président sortant François Bozizé, candidat à sa propre succession, est l’adversaire désigné de Martin Ziguélé. Assureur de profession et ancien Premier ministre (de 2001 à 2003), ce dernier énumère avec humour les promesses non tenues du chef de l’État – électricité, usines – et dénonce son passé de « tourougou », de « militaire » en langue sango – ancien général, François Bozizé fut chef d’état-major.
Martin Ziguélé, candidat du MLPC à la présidentielle du 23 janvier.
© D.R.
« Les juntes, on n’aime pas ça »
Dans le public, un millier de personnes environ. Herman, étudiant en troisième année de médecine, loue le « profil intellectuel » du candidat, et ajoute : « les juntes, on n’aime pas ça ». Il écoutera ensuite la mise en garde de Martin Ziguélé : plier le bulletin de vote – un bulletin unique – dans le sens de la hauteur et non de la largeur. Un moyen d’éviter que la croix cochée dans la case « Ziguélé » se réimprime dans la case « Bozizé », les deux noms se situant chacun à une extrémité du document, alphabet oblige.
Pendant ce temps, à l’autre bout de l’avenue des Martyrs qui part de la place Omar Bongo Ondimba, les partisans de François Bozizé attendent eux aussi le dernier meeting de leur candidat, au stade 20 000 places. Casquettes et tee-shirts oranges, minibus, danseurs : le président sortant dispose de plus de moyens que ses adversaires. Son visage apparaît sur un écran géant installé à une extrémité du stade. Trois mille personnes environ sont présentes.
Bozizé au premier tour ?
Le chef arrive vers 18h, coiffé d’un chapeau et vêtu d’un costume intégralement orange, sa couleur, qu’il a choisie parce qu’il la trouve « belle », nous dira-t-il par la suite. En sango également, il entame un discours d’une vingtaine de minutes dont le leitmotiv est « premier tour ! ». Est-il sûr de l’emporter dès le 23 janvier ? « C’est ce que dit le peuple, je me réfère aux électeurs, ce sont eux qui scandent « premier tour » », nous dira-t-il quelques heures plus tard.
Une ou deux manches, la réponse ne sera certainement pas connue au soir du 23 janvier. Dix à quinze jours seront nécessaires à l’acheminement des procès verbaux depuis les provinces vers Bangui puis à la compilation des résultats.
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