Dileita Mohamed Dileita : « Il n’y a plus d’opposition crédible et constructive à Djibouti »

Le 20 janvier, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh a été officiellement investi candidat de la coalition UMP (Union pour la majorité présidentielle) en vue de l’élection présidentielle du 8 avril 2011. Quelques heures avant l’investiture, le Premier ministre Dileita Mohamed Dileita a reçu Jeune Afrique.

Le Premier ministre regrette l’absence d’opposition pour la présidentielle du 8 avril 2011. © D.R.

Le Premier ministre regrette l’absence d’opposition pour la présidentielle du 8 avril 2011. © D.R.

Publié le 21 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’organisation de la Convention UMP prévue ce soir (jeudi 20 janvier) ?

Dileita Mohamed Dileita : Tout d’abord, je tiens à préciser que contrairement à ce qu’on a pu lire dans la presse, la cérémonie d’investiture n’a pas été reportée. Elle a toujours été prévue ce jeudi 20 janvier. Le candidat Ismaïl Omar Guelleh a été investi le 25 décembre par le Rassemblement populaire pour le progrès [RPP, le parti présidentiel]. J’ai proposé son nom au comité exécutif de l’UMP, il y a dix jours. Ce soir, nous attendons 10 000 personnes, les quatre partis politiques de l’UMP, ainsi que les associations des militants de tous les partis. Les réseaux de femmes, la plate-forme de la société civile ainsi que des invités officiels sont également conviés. Nous n’avons pas oublié la diaspora djiboutienne en créant un site sur lequel ils pourront suivre en direct la Convention. J’ouvrirai la cérémonie, puis tous les présidents des partis interviendront avant le discours du président de la République.

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Quelles seront les grandes priorités de l’UMP en cas de victoire ?

Incontestablement, la priorité du président Guelleh est l’emploi des jeunes. Un fonds de garantie, une assurance et des facilités pour la création d’entreprises ont été créés pour leur assurer un avenir. Déjà, nous avons eu des résultats. Beaucoup de jeunes se sont regroupés pour créer leur propre entreprise. Des microcrédits et des facilités d’emploi pour les petits entrepreneurs ont également été mises en place. En 1999, lors de l’arrivée au pouvoir de l’actuel président, nous comptions six mois d’arriérés de salaires.

Mais, la pauvreté est toujours présente et reste une de nos priorités. Nous tentons de l’enrayer grâce notamment au grand projet INDS [Initiative nationale pour le développement social, dévoilée en 2007, NDLR] et à la création d’une agence pour le développement social. Dans les quartiers les plus pauvres, nous avons mis en place des projets pilotes pour les ménages à faibles revenus. La lutte contre la pauvreté passe aussi par la construction des routes et le renforcement des infrastructures. L’énergie est également un des principaux soucis de Djibouti, alors nous travaillons à des alternatives aux hydrocarbures telles que le solaire.

Le président Guelleh avait exclu de se représenter en 2011. Or, en avril dernier, le Parlement a supprimé l’article de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels. Et il devient officiellement candidat de l’UMP ce soir…

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Il faut rappeler que le président Guelleh bénéficie de très bons résultats. Depuis son arrivée au pouvoir, beaucoup de personnes ont été étonnées des progrès en matière de développement qui ont été réalisés. Il s’est rendu compte que tout un chantier restait à réaliser. Nous avons constaté que la Constitution, en ce qu’elle limitait le nombre de mandats présidentiels n’était pas fermée, alors nous avons demandé à la modifier. Pour cela, nous sommes passés par le Parlement, qui représente le peuple. Nous avons respecté les règles.

Depuis le décès de son leader Ahmed Dini et les boycotts de la présidentielle de 2005 et des législatives de 2008, l’opposition ne semble pas en mesure de présenter une candidature crédible… À cela s’ajoute le fait qu’elle est absente des institutions élues. Le scrutin n’est-il pas remporté d’avance pour le candidat Guelleh ?

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Il n’y a plus aujourd’hui d’opposition crédible et constructive. La preuve en est que l’UAD [Union pour l’alternance démocratique, qui regroupe les trois premiers partis d’opposition, NDLR] a boycotté les dernières élections. Un mois avant celles-ci, l’UAD avait émis des observations sur le fonctionnement de la Ceni [Commission électorale nationale indépendante], alors qu’un véritable contrôle est mené par les observateurs internationaux.

Quand leurs résultats sont bons comme en 2003, ils ne remettent pas en cause l’impartialité des magistrats qui la composent ! Un véritable parti politique suppose d’avoir un siège, de mener des élections internes et de tenir des réunions hebdomadaires. Et, l’alternance se prépare à l’avance. Lors des élections de 2003, Ahmed Dini avait réussi à remporter 45 % des voix, ce qui est considérable. Si l’opposition s’était maintenue depuis 2003, elle serait peut-être au pouvoir aujourd’hui.

Regrettez-vous l’absence d’une véritable opposition ?

Nous aurions aimé qu’il y ait une opposition. En 2006, la proportionnelle a permis à des listes indépendantes de battre des partis constitués. Alors, nous souhaitons notamment ouvrir le Sénat pour que les représentants de l’opposition puissent y siéger. En vue de l’élection présidentielle d’avril prochain, nous aurions aimé débattre, échanger des idées, confronter nos projets politiques. Tout cela est dommage.

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