Côte d’Ivoire : Odinga et Soro battent le rappel des troupes contre Gbagbo

Les militaires de la Cedeao disent qu’ils n’attendent plus que le feu vert des politiques pour passer à l’action contre le président sortant Laurent Gbagbo. Parallèlement le médiateur de l’UA Raila Odinga et le Premier ministre de Alassane Ouattara, Guillaume Soro, vont de capitale en capitale pour exposer leur point de vue aux chefs d’État africains sur la crise ivoirienne.

Raila Odinga et Guillaume Soro, le 3 janvier 2011 à Abidjan. © Issouf Sanogo / AFP

Raila Odinga et Guillaume Soro, le 3 janvier 2011 à Abidjan. © Issouf Sanogo / AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 21 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Il y a des coïncidences qui ne trompent personne. Alors que le médiateur de l’Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga, et le Premier ministre de Alassane Ouattara, Guillaume Soro, étaient en tournée diplomatique pour préparer les esprits à une éventuelle intervention militaire contre Laurent Gbagbo, les commandements des armées ouest-africaines se sont dit « prêts » à intervenir en Côte d’Ivoire. Si le hasard n’y est pour rien, c’est ce qui s’appelle une opération rondement menée de pression diplomatico-militaire sur le président ivoirien sortant.

« Nous sommes prêts sur le plan militaire, il appartient aux chefs d’État de nous donner les instructions », a déclaré jeudi le général nigérian Olusegun Petinrin, à l’issue d’une réunion des chefs des armées des pays de la Cedeao à Bamako. De son côté, un officier nigérian a affirmé que l’Onuci, qui sera bientôt renforcée de 2 000 Casques bleus, passant à 11 500 hommes, ne regarderait pas sans rien faire. « Nous agirons de concert avec elle si l’intervention militaire est décidée ».

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Parallèlement à cette confirmation de la menace d’une intervention militaire sous l’égide de la Cedeao, Raila Odinga était en mini-tournée africaine pour rendre compte de l’échec de sa seconde mission à Abidjan – Laurent Gbagbo refusant inlassablement de quitter le pouvoir. Après un passage au Ghana, qui est opposé au recours à la force, ainsi qu’au Mali et au Burkina Faso, où il a rencontré le président Blaise Compaoré et a fait savoir, le 19 décembre, que l’UA envisageait des sanctions économiques contre Gbagbo, Odinga est arrivé jeudi à Luanda pour tenter de convaincre le président angolais José Edurdo dos Santos de ne plus soutenir le président ivoirien sortant en cas d’échec d’une solution pacifique à la crise ivoirienne. Puis Odinga devait se rendre en Afrique du Sud pour rencontrer Jacob Zuma, réputé très proche de Dos Santos, avant de rentrer enfin à Nairobi.

Question de signature

De son côté, Guillaume Soro est sorti pour la première fois officiellement de l’hôtel du Golf où, après y avoir trouvé refuge, Alassane Ouattara et son gouvernement sont soumis à un strict blocus terrestre des forces fidèles à Gbagbo. Accompagné de son ministre du Plan, Albert Mabri Toikeuse, Soro a été reçu jeudi à Ouagadougou par Blaise Compaoré, auquel il a remis un message de la part de Alassane Ouattara à l’occasion du sommet des chefs d’État de l’UEMOA (Union économique et monétaire Ouest africaine) prévu samedi à Bamako. Soro a également indiqué qu’il se rendrait à ce sommet pour « s’assurer » avec les chefs d’État que les mesures prises par les ministres des Finances de l’Uemoa conférant à Ouattara la signature sur les comptes de la Côte d’Ivoire au niveau de la BCEAO (Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest) seraient appliquées « effectivement et intégralement ». En clair, Soro plaide pour que le gouverneur de la banque, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, proche de Gbagbo, soit destitué lors du sommet.

Mais avant de se rendre à Bamako samedi, Soro est aussi allé rencontrer le président Faure Gnassingbé à Lomé. Et il devait ensuite se rendre au Niger et au Nigeria. « Il est important pour le gouvernement ivoirien de faire le tour de certaines capitales pour nous assurer que les choses se déroulent bien au niveau de cette Union et surtout qu’au niveau de la BCEAO, la signature de M.Ouattara et de son gouvernement sont bel et bien reconnues », a souligné Soro. (Avec AFP)

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