Les Algériens en passe de mener leur propre « révolution tunisienne » ?

La jeunesse algérienne en colère continue de se mobiliser, encouragée par l’ « exemple » du voisin tunisien. Les autorités craignent un embrasement et tentent d’enrayer les motifs de mécontentement.

Des manifestants lancent des pierres sur la police anti-émeutes, le 7 janvier à Alger. © AFP

Des manifestants lancent des pierres sur la police anti-émeutes, le 7 janvier à Alger. © AFP

Publié le 21 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Les émeutes en Algérie ne faiblissent pas. Et même si le soulèvement populaire y est chronique, la durée de la mobilisation commence à inquiéter les autorités qui redoutent le « précédent tunisien ».

En Algérie, les revendications sont proches de celles qui ont été formulées depuis le mois de décembre dernier en Tunisie. L’exaspération concerne notamment le chômage, qui touche 20 % des jeunes. Les étudiants de l’université Mouloud-Mammeri, à Tizi-Ouzou, principale ville de Kabylie à une centaine de kilomètres à l’est d’Alger, ont ainsi annoncé qu’ils soutiendraient samedi une marche interdite, mais maintenue dans la capitale. Elle est organisée par un parti d’opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie pour réclamer une ouverture démocratique.

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« L’impressionnante mobilisation du peuple tunisien, particulièrement celle de la jeunesse » doit « inspirer et motiver tous les patriotes de l’Afrique du Nord », soulignent les étudiants dans un communiqué. Ils se disent prêts à en découdre avec « un demi-siècle d’autoritarisme, d’oppression et de mépris ». L’état d’urgence en vigueur depuis 1992 interdit tout rassemblement de ce type.

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh) et quatre syndicats autonomes algériens devaient se rencontrer vendredi 21 janvier pour trouver les moyens d’ « empêcher la marginalisation d’un nombre de plus en plus important de jeunes et, par la même occasion, empêcher que le pays ne s’enfonce encore plus dans le chaos », selon un communiqué.

Assez des "promesses"

Les tentatives du gouvernement pour apaiser les esprits n’ont pas suffi à convaincre les jeunes. « Nous en avons assez des promesses, nous voulons du concret car les solutions conjoncturelles au profit des jeunes ont montré leurs limites », proclamait Mounir, invité à un forum sur la jeunesse au Parlement.

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Début janvier, les émeutes avaient fait cinq morts et plus de 800 blessés, en particulier parmi les forces de l’ordre. Pour désamorcer la crise le gouvernement a fait baisser les prix des produits de première nécessité, qui montaient en flèche depuis début janvier. Le gouvernement a aussi promis à la population de continuer à subventionner ces produits pour éviter la volatilité de leur prix.

Scènes de désespoir

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Mais des scènes de désespoir se sont néanmoins répétées ces jours-ci à travers l’Algérie, plusieurs personnes tentant de s’immoler par le feu pour protester contre leurs conditions de vie. À Sidi Bouzid, en Tunisie, c’est le suicide par immolation d’un jeune homme qui avait déclenché la révolution, laquelle a conduit à la chute du régime de Ben Ali.

Certaines tentatives de suicide par immolation en Algérie relèvent du « cas psychiatrique » ont indiqué les autorités locales. Néanmoins, selon Le Quotidien d’Oran, « les services de sécurité sont donc en état d’alerte maximum et les walis (préfets) et les administrations locales ont été instruits d’avoir à ne prendre aucune décision ou initiative risquant d’envenimer la tension sociale ». (avec AFP)

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