Entre démissions et contestations, le gouvernement tunisien peine à convaincre

Le gouvernement d’union nationale de la Tunisie inaugurant l’ère post-Ben Ali parviendra-t-il à prendre son envol. Alors qu’il tient son premier Conseil des ministres ce jeudi 20 janvier, les défections continuent et la colère populaire semble intacte.

Manifestation des juges tunisiens, le 20 janvier 2011, à Tunis. © AFP

Manifestation des juges tunisiens, le 20 janvier 2011, à Tunis. © AFP

Publié le 20 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

En Tunisie, la rue continue d’exercer sa pression. Après avoir obtenu le départ de Ben Ali, elle s’en est prise au symbole du pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Encore une fois, elle semble avoir eu gain de cause puisque le parti de Ben Ali vient d’annoncer la dissolution de son bureau politique, après avoir enregistré la défection de tous les ministres qui lui appartenaient, selon une source officielle. Même s’il subsiste encore une ambigüité puisque l’agence officielle TAP a seulement indiqué qu’ils avaient « démissionné de leurs responsabilités au sein du parti ».

Mais tout cela n’a pas suffi à calmer les protestataires qui réclament le départ des ministres ayant fait partie d’anciens gouvernements de Ben Ali. Un millier de manifestants ont ainsi réclamé jeudi 20 janvier à Tunis la démission du gouvernement de transition qui tenait son premier Conseil des ministres à partir de 14 heures.

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Tirs de sommation

Contrairement aux derniers jours, les manifestants ont réussi à atteindre le ministère de l’Intérieur et à poursuivre leur marche jusqu’au siège du RCD, en franchissant sans violences les maigres barrages de police disposés sur l’avenue Habib Bourguiba. L’armée a même dû effectuer des tirs de sommation pour les dissuader d’escalader le mur d’enceinte du siège du parti. Une centaine de magistrats et d’avocats ont aussi manifesté devant le Palais de justice pour réclamer l’« indépendance de la justice ».

À l’issue du Conseil des ministres, le gouvernement réussira-t-il à apaiser la colère populaire ? Rien n’est moins sûr, même si l’on attend des mesures fortes comme la séparation de l’État et du RCD, ainsi qu’un projet de loi d’amnistie générale des anciens opposants condamnés sous l’ère Ben Ali.

Saignée gouvernementale

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Déjà affaibli par une série de démissions – quatre ministres dont trois syndicalistes et un opposant -, le gouvernement vient d’enregistrer la défection de Zouheir M’dhaffer, l’un des huit issus de l’ancien régime. Chargé du Développement administratif dans le cabinet de Mohamed Ghannouchi, celui-ci justifie son départ par la nécessité de « préserver l’intérêt suprême de la nation et favoriser la transformation démocratique du pays ».

M’dhaffer est considéré comme l’architecte de la réforme de la Constitution approuvée en 2002 par référendum, laquelle avait supprimé la limitation des mandats présidentiels et permis à l’ex-président Ben Ali de se maintenir au pouvoir. Le gouvernement d’union nationale a du mal à obtenir l’adhésion les citoyens tunisiens. Adhésion sans laquelle, il sera difficile d’entamer la transition qui mènera à des élections démocratiques dans moins de 6 mois. (Avec AFP)

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