Bertrand Delanoë : « Je n’ai jamais été aussi fier des Tunisiens »

Le maire de Paris a exprimé ses vœux à la presse, mardi 18 janvier, en s’étendant assez largement sur la révolution tunisienne. L’occasion de dire tout le bien qu’il en pensait. Et qu’il avait toujours été proche de l’opposition à Ben Ali.

Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë à l’Élysée, le 12 janvier 2011. © AFP

Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë à l’Élysée, le 12 janvier 2011. © AFP

Publié le 19 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui se sent très concerné pas la Tunisie où il a vécu jusqu’à ses 13 ans, a largement évoqué la situation du pays lors de ses vœux 2011 à la presse, le 18 janvier. Il a tout d’abord exprimé sa joie devant la révolution populaire qui s’est déroulée ces dernières semaines. « Il y a maintenant 60 ans que je suis fier de ce peuple au sein duquel je suis né et j’ai été élevé. Les Tunisiens viennent de me procurer une fierté plus grande que je n’aurais jamais pu imaginer. C’est un peuple éduqué, spontané et qui s’est montré assez responsable. Je veux exprimer aussi mon bonheur aux Tunisiens vivant à Paris et ailleurs en France. »

« Le gouvernement reçoit déjà des appréciations positives et négatives : c’est justement cela, la démocratie ! La Tunisie est en train d’en faire l’apprentissage », a réagi le responsable du Parti socialiste à l’annonce de la composition du nouveau gouvernement tunisien, intervenue la veille. « Ce qui fait consensus en revanche, ce sont les deux commissions mises en place pour enquêter sur la corruption du régime renversé et sur la répression des révoltes de ces dernières semaines. Les personnalités à leur tête inspirent confiance à tous. »

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Révolte achevée

Aujourd’hui, pour Bertrand Delanoë, la révolte est achevée. Il n’a pas évoqué les nouvelles manifestations demandant la poursuite de la mobilisation jusqu’au renversement complet des instances dirigeantes. « C’est un gouvernement transitoire. Laissons-lui le temps et souffrons qu’il lui faille plus que 45 jours pour organiser des élections. Le pays, après tout, n’en a jamais connu de réelles. »

En ce qui le concerne directement, M. Delanoë a évoqué à plusieurs reprises le soutien qu’il avait apporté aux opposants tunisiens et aux personnalités de la société civile, depuis qu’il a pris la tête de la mairie de Paris, en 2001. « Ce sont de véritables résistants que j’ai côtoyés et dont j’ai défendu le droit à la liberté d’expression. Je pense par exemple au journaliste Taoufik Ben Brik dont je ne partage pourtant pas toutes les idées, et qui m’avait d’ailleurs bien assaisonné… »

Il poursuit : « Lorsque Ben Ali m’a interdit de voir [l’universitaire et homme politique] Mohamed Charfi et Mokhtar Trifi, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, je les ai vus. Beaucoup de ces militants m’ont demandé de poursuivre mon dialogue avec les autorités, qui leur était plus utile qu’un boycott. C’est ce que j’ai fait », répond-il aux interrogations sur son positionnement passé, alors que la polémique sur le silence des autorités françaises bat son plein.

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"Ne pas polémiquer"

« Et je rappelle que j’ai eu des problèmes avec la presse gouvernementale tunisienne, qui a publié en novembre 2009 une caricature de moi déguisé en femme », a-t-il tenu à préciser. « Nous avons une spécialité française, c’est de parler de nous alors que la révolution est en Tunisie ! », répond-il à une question sur la proposition de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, le 11 janvier, d’offrir l’expertise française en matière de répression des émeutes au gouvernement tunisien. « Le moment n’est pas à polémiquer sur tels attitudes ou propos », a seulement estimé le maire de Paris.

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Interrogé sur ce qu’il faudra retenir des 23 années du pouvoir de Ben Ali, Delanoë a répondu prudemment : « Ce n’est pas encore l’heure. Les Tunisiens feront eux-mêmes plus tard ce bilan, sûrement contrasté. Pour l’instant, il faut s’assurer de la sécurité des gens, parce qu’elle n’est pas encore garantie. Quand on est loin, l’angoisse est forte et j’ai passé de nombreuses soirées au téléphone. » Enfin, un journaliste sportif l’interroge sur le club de football de Paris : « Que pensez-vous des futurs financements étrangers du Paris Saint-Germain ?  – Tant qu’il ne s’agit pas de l’argent blanchi de Ben Ali, répond le maire, tout me va ! »

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