C’est désormais presque officiel : le suicide est en train de se répandre au Maghreb comme une arme de contestation aussi définitive que désespérée contre la misère et le mépris des autorités. Partout, la technique est la même : quelques litres d’essence et une boîte d’allumettes. Après les vagues d’immolation par le feu en Tunisie – qui ont emporté le régime de Ben Ali -, c’est en Égypte que le fléau vient de frapper à nouveau.

Lundi, au Caire devant l’Assemblée du peuple, un homme s’est de nouveau immolé par le feu. Mais « un policier qui se trouvait à proximité est arrivé à éteindre les flammes et l’homme a rapidement été emmené dans une ambulance » pour être conduit dans un hôpital, selon un témoin.

Des coupons pour du pain

L’agence officielle Mena a peu après confirmé ces faits, sans toutefois donner de précisions sur l’état de santé de la victime, Abdo Abdelmoneim, qui est un propriétaire de restaurant à Qantara, ville proche d’Ismaïliya, sur le canal de Suez. Il aurait voulu protester contre le fait « qu’il n’avait pas reçu de coupons pour acheter du pain pour son restaurant », selon l’agence officielle.

Son geste rappelle encore une fois celui d’un jeune vendeur ambulant tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi, s’était fait brûler le 17 décembre pour protester contre la saisie de sa marchandise et le mépris d’une jeune policière, déclenchant les émeutes qui ont abouti à la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali en Arabie saoudite, vendredi dernier.

En Algérie, un homme qui s’était immolé samedi par le feu dans une ville proche de la frontière avec la Tunisie a été donné pour mort dimanche, avant que l’information ne soit démentie lundi. Il aurait succombé à ses brûlures dimanche, alors que trois autres Algériens ont également tenté d’en faire autant depuis mercredi dernier. Mais une source hospitalière a déclaré lundi qu’il était toujours en vie, certes dans un état critique, et était maintenu en soins intensifs. (Avec AFP)