Vers une révision constitutionnelle en Tunisie ?
Alors que les miliciens proches de Ben Ali redoublent d’activité, la société civile tunisienne cherche à s’organiser pour éviter tout retour en arrière. L’idée d’une assemblée constituante commence à s’imposer dans l’intelligentsia et les états-majors des partis politiques, alors qu’on annonce un gouvernement dans les prochaines 24 heures.
Dimanche, en Tunisie, les préoccupations étaient nombreuses. D’abord, la population cherche des provisions. Les commerces n’ont pas été ravitaillés et le personnel fait défaut puisque les transports publics ne sont pas vraiment rétablis et que les stations-service manquent de carburant. C’est l’une des conséquences de la paralysie que connaît le pays depuis l’annonce de l’état d’urgence, vendredi soir.
Cependant, la radio et la télévision relaient des messages rassurants. On annonce le retour rapide à la normale et la formation d’un gouvernement dans les prchaines 24 heures. Pour les Tunisiens, il semble urgent qu’un gouvernement soit mis en place au plus tôt afin que la machine économique redémarre. Certains regrettent même qu’aucun porte parole n’ait été désigné pour rendre compte à la population aussi bien des rencontres des autorités avec les dirigeants des différents partis politiques que de la teneur des incidents et événements que vit le pays.
Coups de feu en plein Tunis
Ce dimanche, notamment, des échanges de tirs nourris en plein centre-ville de Tunis ont été entendus près du ministère de l’Intérieur, vers 15 heures GMT. De même devant le siège d’un parti d’opposition, le Parti démocratique progressiste (PDP), un peu plus tard. Un groupe d’individus cachés dans un immeuble a tiré des coups de feu vers des policiers qui fouillaient un taxi en stationnement, et dont les occupants étaient armés, a indiqué un responsable du parti, Issam Chebbi. Puis, les policiers ont riposté. Finalement, plusieurs personnes ont été arrêtées, dont deux étrangers.
De fait, des rumeurs faisant état de taxis transportant des miliciens, la situation s’était tendue à la mi-journée. Les policiers et l’armée se sont mis à contrôler systématiquement les véhicules pour vérifier notamment s’il n’y avait pas d’armes à l’intérieur. Avec succès : plusieurs arrestations ont eu lieu, notamment à La Marsa et dans la banlieue nord de Tunis.
Même si les médias officiels ont changé de ton, jouant la carte de la solidarité avec le peuple, les Tunisiens ressentent la nécessité d’avoir une source d’information fiable qui puisse préciser et éclairer les rumeurs, parfois extravagantes mais souvent fondées qui se diffusent par SMS ou sur Facebook.
Vers une révision constitutionnelle ?
Mais malgré tout, les Tunisiens sont sereins et découvrent la liberté d’expression, débattent sans retenues aux terrasses de café et examinent les positions de chaque acteur politique susceptible d’être performant dans la crise. Malgré les avis divergents, un sujet suscite une unanimité presque parfaite : la révision de la Constitution pour que des élections soient fixées dans six mois et non pas dans soixante jours comme le prévoit l’article 57 du texte fondamental.
En outre, les partis dits d’opposition commencent à régler leurs comptes. Se pose en particulier le problème de l’appareil du parti de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) et de ses cadres. Beaucoup de personnes en vue, qui opéraient avec l’ancien pouvoir, commencent à changer de discours… Comment réagir face à cet opportunisme ?
La société civile s’organise. Mais encore doit-elle éviter le piège de la division. Le politologue Larbi Chouikha appelle ainsi tous les acteurs politiques à modérer leurs expressions, à éviter les attaques et surenchères néfastes, et à sauver les acquis considérables mais fragiles de la révolution. Afin de la rendre irréversible.
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