L’intervention militaire en Côte d’Ivoire fait débat à l’ONU
Si la Cedeao affirme qu’une intervention militaire en Côte d’Ivoire pour renverser Laurent Gbagbo est toujours possible, cette hypothèse est loin de faire l’unanimité à l’ONU.
« L’option militaire est toujours sur la table ». C’est ce qu’a réaffirmé le président de la commission de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), James Victor Gbeho, le 4 janvier.
Mais derrière cette déclaration d’intention, l’éventualité d’une intervention militaire de l’organisation sous-régionale pour chasser du pouvoir le président sortant Laurent Gbagbo, n’est pas jugée possible par tous.
Au sein de l’organisation sous régionale tout d’abord, les avis divergent. Si le Nigeria est particulièrement résolu à mettre la menace à exécution en cas de besoin, de même que le Sénégal et le Burkina Faso et dans une moindre mesure le Niger et le Togo, ce n’est pas le cas de tous les membres
D’autres pays, comme le Ghana notamment, n’en veulent pas et l’ont fait savoir. « Il reste donc des points d’interrogation » souligne un diplomate.
Au Conseil de sécurité de l’ONU, certains membres, comme la Chine et la Russie (permanents), et peut-être l’Afrique du Sud et le Brésil (temporaires) pourraient également se montrer réticents. Mais si Alassane Ouattara réclame très clairement l’usage de la force, comme il a entrepris de le faire en fin de semaine, une consultation du conseil ne serait pas nécessaire.
La Cedeao en a-t-elle les moyens ?
Au-delà des avis sur l’opportunité d’effectuer cette intervention, la Cedeao en est-elle capable ? Selon les experts, il faudrait réunir quelques 20 000 soldats pour être sûr d’un succès rapide d’une telle mission, alors que, selon un diplomate, elle ne pourrait vraisemblablement en rassembler que 3 500.
« Personnellement je pense qu’une telle aventure est improbable, juge John Campbell, chercheur au Council on Foreign Relations. Il y a un manque de moyens à la Cedeao ».
« Dans le passé, de telles opérations se sont montrées très longues et coûteuses et je soupçonne M. Gbagbo de penser lui aussi que cela n’est pas faisable », ajoute-t-il.
La Cedeao n’a « pas la puissance de feu, renchérit Robert Herman, expert à Freedom House. Mon avis est que non, ils n’ont pas les moyens ».
Mais si Laurent Gbagbo se trouvait dans l’incapacité de trouver les financements pour maintenir son armée, celle-ci s’en trouverait fragilisée – ce qui faciliterait une intervention éventuelle.
En attentant la Cedeao continue de montrer les muscles. Une réunion de suivi pour affiner les questions de logistique d’une éventuelle opération militaire est prévue au Mali les 17 et 18 janvier. (avec AFP)
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