Guillaume Soro : sans intervention militaire « ce sera la guerre » en Côte d’ivoire
Dans une interview accordée à Jeune Afrique cette semaine, Guillaume Soro déploie tous ses arguments en faveur d’un recours à la force contre le président sortant Laurent Gbagbo. Mais les autres moyens de pression pour que ce dernier quitte le pouvoir ne sont pas ignorés.
Pour le camp Ouattara, le temps des palabres, des médiations et des négociations a assez duré. Il faut selon lui que la communauté internationale agisse plus fermement, y compris par la force. « Imaginez que la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) n’envoie pas de troupes, s’interrogeait Guillaume Soro dans un entretien téléphonique avec Jeune Afrique, vendredi. Vous croyez que M. Gbagbo pourra diriger ce pays sans des dégâts humains infiniment supérieurs ? Vous pensez que nous resterons les bras croisés sans exercer notre légitime défense ? Ce sera la guerre, et tout vaut mieux que la guerre. »*
Le Premier ministre de Ouattara se prononce en faveur d’« une opération rapide et bien ciblée » qui « arrêtera les tueries et mettra fin au chaos ». Selon lui, les violences en Côte d’Ivoire ont déjà fait « plus de trois cent morts » depuis l’élection contestée du 28 novembre. De fait, selon un nouveau bilan de l’ONU, 247 personnes ont perdu la vie dans des violences depuis la mi-décembre.
De son côté, le président ivoirien élu et reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara a validé l’option militaire, lors d’une visio-conférence vendredi avec un centre de réflexion de Washington, en affirmant qu’il était « temps » d’« utiliser la force pour faire partir » son rival Laurent Gbabgo.
Mais les deux leaders n’ont pour autant pas exclu tous les autres moyens de pression. « Entre l’asphyxie financière du clan Gbagbo, la maîtrise du front diplomatique et la mise en pôle position de l’option militaire, l’issue est une affaire de semaines, pas de mois », a déclaré Guillaume Soro.
Mabri Toikeusse sur le front financier
De fait, le camp Ouattara se bat pied à pied sur le front financier à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). D’après l’agence Reuters, le ministre du Plan et du Développement nommé par Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse, a été dépêché au siège de l’organisation à Dakar vendredi pour se plaindre « des retraits quotidiens sur les comptes de la Côte d’Ivoire ».
Alors que la banque a reconnu le camp Ouattara comme étant le seul président légitime, Albert Mabri Toikeusse a estimé à 78 milliards de francs CFA les retraits effectués par l’État ivoirien (dont les leviers sont pour l’essentiel toujours contrôlés par Laurent Gbagbo), entre le 24 décembre et le 12 janvier. « La décision prise par la banque centrale régionale doit être pleinement appliquée », a déclaré Toikeusse à la presse. « Ce n’est pas le cas aujourd’hui ».
Dans son viseur, entre autres, le gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, un proche de Laurent Gbagbo. « Nous avons écrit aux gouverneurs et nous avons dit que s’ils continuent, nous demanderions leur inscription sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne (UE), les États-Unis et les Nations unies. »
Gel des avoirs de Laurent Gbagbo par l’UE
L’UE a justement déclaré, le même jour, le gel des avoirs en Europe de Laurent Gbagbo, de 84 membres de son camp ainsi que de onze entités économiques, dont la Radio télévision ivoirienne (RTI) et le port d’Abidjan.
Par ailleurs, une mission conjointe UA-Cedeao, menée par le Premier ministre kényan Raila Odinga, doit arriver à Abidjan le lundi 17 ou le mardi 18 janvier, pour tenter une nouvelle fois de résoudre la crise ivoirienne.
*L’intégralité de l’entretien avec Guillaume Soro est à retrouver dans le numéro 2610 de Jeune Afrique, en kiosques à partir du 16 janvier.
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