Mohamed Dridi : « Je suis avec le peuple de Tunisie »
Le samedi 15 janvier, le boxeur tunisien Mohamed « Momo » Dridi (43 ans) aurait dû combattre à Tunis pour la ceinture mondiale UBO, catégorie poids lourds-légers. Mais le rendez-vous a été reporté en raison de la révolte qui agite la Tunisie. Depuis Dijon où il réside, Dridi s’exprime sur les événements qui secouent son pays.
![Momo Dridi : « Tout le monde sait que c’est Leïla Ben Ali et sa famille qui dirigent la Tunisie ». © D.R.](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/01/14/014012011174908000000dridiemeutetunis.jpg)
Momo Dridi : « Tout le monde sait que c’est Leïla Ben Ali et sa famille qui dirigent la Tunisie ». © D.R.
Jeuneafrique.com : Le jeudi 13 janvier, le président Ben Ali a annoncé, entre autres, qu’il ne se représenterait pas en 2014 et a demandé à la police de ne plus tirer sur la foule…
Mohamed Dridi : Oui, sauf qu’au même moment, deux personnes étaient tuées par balle ! Il s’est un peu pris pour De Gaulle en lançant aux tunisiens : « Je vous ai compris ! » Mais fallait-il que le sang coule pour en arriver là ? Je suis malheureux de voir que plus de soixante de mes compatriotes sont morts. Je suis persuadé que le peuple va continuer à maintenir la pression. Je suis avec le peuple. Il ne faut pas que des Tunisiens soient morts pour rien.
La situation est explosive…
Les gens sont méfiants. Beaucoup demandent au président de partir tout de suite. De toute manière, toute le monde sait que c’est sa femme Leïla et sa famille qui dirigent le pays. Des Tunisiens disent que c’est leur Marie-Antoinette à eux… Si tu appartiens à un clan, tu vis bien. Sinon, tu survis. Et c’est le cas de la très grande majorité des Tunisiens, qui sont à bout. Il n’ ya quasiment pas d’avenir pour la jeunesse. Les diplômés sont obligés de faire des petits boulots pour survivre. Le peuple se tait depuis plus de vingt ans. Depuis un mois, il explose.
Imaginons que Ben Ali quitte le pouvoir. Qui pourrait lui succéder ? L’opposition est muselée ou en exil…
C’est exact. L’opposition n’est pas encore prête, pas assez structurée. Cela prendra forcément un peu de temps. On peut aussi imaginer que ce soit un homme d’affaires, puissant, également tourné vers l’Europe, qui se porte candidat.
Ben Ali est présenté certes comme un autocrate, mais aussi comme un rempart contre l’islamisme…
C’est vrai, et on peut lui accorder cela. Mais il y a très peu d’islamistes en Tunisie. Les gens ne veulent pas des barbus.
La France est restée assez discrète, notamment sur l’usage de la force pour réprimer les manifestations. Êtes-vous surpris par cette attitude ?
Comme Sarkozy ouvre d’habitude sa gueule sur tout, oui, je suis assez étonné. Là, il la joue « canard ». Pourtant, il a bien demandé à Gbagbo de quitter le pouvoir en Côte d’Ivoire, non ? Peut-être que beaucoup d’hommes politiques français ont des intérêts multiples en Tunisie, ce qui explique leur silence. J’aurais aimé entendre un peu plus de condamnations quand la police a tiré sur la foule…
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