Le jour où Ben Ali a été renversé
Vendredi matin, les Tunisois se sont levés avec l’impression que le discours très prometteur de Ben Ali, la veille au soir, ne se traduirait pas en actes concrets. Sauf s’ils maintenaient la pression sur le gouvernement. Pari gagné, au delà de leurs espérances : Ben Ali a quitté la Tunisie… Et a atterri à Jeddah, en Arabie saoudite.
00h30 : Ben Ali arrive à Jeddah. Le président tunisien en fuite Zine El Abidine Ben Ali est arrivé samedi vers 00h30 à Jeddah, en Arabie saoudite, a-t-on appris de source saoudienne. « L’avion à bord duquel se trouve le président Ben Ali a atterri à Jeddah », a déclaré à l’AFP une source saoudienne.
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Vendredi 14/01
23h30 : Ben Ali fait-il escale en Sardaigne ? Un avion civil en provenance de Tunisie a atterri à l’improviste à Cagliari en Sardaigne (sud de l’Italie) pour faire le plein de carburant et ses passagers ne sont pas clairement identifiés. Il doit repartir après les réservoirs remplis. Ben Ali est-il à l’intérieur ? (AFP)
22h32 : Paris ne veut pas de Ben Ali. La déclaration faite par Paris, qui souhaitait étudier une éventuelle demande d’accueil de Ben Ali « en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes », signifie en réalité que Paris « ne souhaite pas » la venue de l’ex-président tunisien, a indiqué une source gouvernementale française. Laquelle justifie cette position par le risque de mécontentement de la communauté tunisienne installée en France. Paris « souhaite l’apaisement et la fin des violences. Seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. (AFP)
22h00 : Où va atterrir Ben Ali ? Le président Ben Ali, dont l’avion se dirige vers le Nord après avoir survolé Malte, selon le gouvernement, n’a pas fait de demande d’asile en France. « La France n’a reçu aucune demande d’accueil de monsieur Ben Ali. Au cas où cette demande se présenterait, la France apporterait sa réponse en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes », a indiqué officiellement le ministère français des Affaires étrangères. (AFP)
18h55 : Mohamed Ghannouchi, président par intérim. Le président tunisien par intérim, Mohammed Ghannouchi, s’est engagé à « respecter la Constitution » en annonçant lors d’une courte allocution sur Tunis 7 qu’il assumait la charge suprême du pays. « Je m’engage à respecter la Constitution et à mettre en œuvre toutes les réformes sociales et politiques (…) qui ont été annoncées en collaboration avec les partis politiques et les composantes de la société civile », a-t-il déclaré. Il a fait son annonce entouré du président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa et de celui de la chambre des conseillers Abdallah Kallal.
18h10 : L’opposition réclame le départ de Ben Ali. Les principaux partis d’opposition tunisiens, légaux et interdits, ont demandé « le départ de Ben Ali et l’instauration d’un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d’organiser des élections libres » dans une déclaration publiée à Paris. (AFp)
17h55 : Hamma Hammami libéré. Le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit dans le pays), Hamma Hammami a été libéré selon son entourage. Il avait été interpellé mercredi à son domicile, près de Tunis. (AFP)
17h35 : Espace aérien fermé. L’armée a pris le contrôle de l’aéroport international de Tunis Carthage. L’espace aérien a été fermé selon une source aéroportuaire. (AFP)
17h15 : Des policiers battent en retraite. Des groupes de manifestants se sont formés à l’intersection de l’Avenue Bourguiba et celle de Paris dans le centre de Tunis et ont commencé à jeter des pierres sur les policiers qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Certains policiers, pris de panique, se sont repliés sur l’Avenue Bourguiba et les manifestants ont renvoyé les grenades encore fumantes dans leur direction.
Un policier a tiré à bout portant sur un photographe de l’agence européenne EPA qui a été atteint la tête et a commencé à saigner avant d’être évacué vers un hôpital. (AFP)
16h46 : Tentative de fuite de la famille Trabelsi, nombreuses démissions au RCD. Selon nos informations, la famille du gendre de Ben Ali, Belhassen Trabelsi, a tenté de fuir la Tunisie en direction de Lyon, mais un commandant de bord de Tunisair a refusé de les embarquer. Des centaines de pilleurs s’en prennent depuis quelques heures aux nombreux domiciles de cette famille richissime. Par ailleurs, le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) ne cesse d’enregistrer des défections de la part de ses militants mais aussi de nombreux cadres.
16h20 : Démission du gouvernement et nouvelles élections en 2011 confirmées. Selon l’agence officielle TAP, Ben Ali limoge le gouvernement et annonce des élections législatives anticipées d’ici à six mois. Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi est reconduit et doit former un gouvernement d’union nationale. L’armée est déployée partout en Tunisie et notamment devant le ministère de l’Intérieur où la foule a été dispersée par les gaz lacrymogènes. On compte au moins treize morts ce vendredi dans le grand Tunis, selon des sources médicales. L’armée serait en train de faire pression pour que le président Ben Ali quitte définitivement le pouvoir dès aujourd’hui.
15h40 : Ben Ali va s’adresser à la nation, dissolution du gouvernement attendue. Selon une source autorisée, le président Zine el-Abidine Ben Ali s’apprête à s’adresser aux Tunisiens à nouveau ce vendredi. Il devrait annoncer des élections présidentielle et législatives anticipées en 2011. Celles-ci seraient organisées par un gouvernement d’union nationale, la dissolution de l’actuel gouvernement devant être également prononcée par le chef de l’État. (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani)
15h25 : Tirs de gaz lacrymogènes dans le centre de Tunis. La police tunisienne a dispersé vendredi des milliers de manifestants rassemblés devant le siège du ministère de l’Intérieur. L’intervention a eu lieu lors d’une tentative de jonction d’un groupe de manifestants avec l’essentiel des protestataires.
Quelques manifestants ont lancé des pierres, des chaises et des parasols des terrasses de cafés en direction des policiers, mais la plupart ont quitté les lieux en quelques minutes.
Avenue Habib Bourguiba, l’atmosphère était irrespirables à cause de nombreux tirs de gaz lacrymogènes. (AFP)
15h15 : Tirs à la Marsa. À Tunis, des soldats fraternisent avec les manifestants. Dans le quartier de Bousselsla, à La Marsa, des hommes cagoulés et non identifiés (appartenant à une milice ?) tirent vers les manifestants. Il y aurait quatre morts. À Radès (sud de Tunis), des incendies sont visibles à de nombreux endroits. Mais sur la place du gouvernement, dans la Kasbah de Tunis, des soldats de l’armée fraternisent avec les manifestants. (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani)
14h50 : Plusieurs morts à La Marsa. Les manifestations commencent à dégénérer. Des coups de feu ont été entendus à Hammam Lif (20 km au sud de Tunis) et dans le quartier Bousselsla de La Marsa (nord de Carthage), où on compterait déjà quatre morts. La plus grande confusion règne. En même temps, à Tunis, vers 14h30, les forces de l’ordre ont encerclé les manifestants présents depuis 9h30 devant le ministère de l’Intérieur, en passant par l’avenue de Marseille, qui donne sur l’avenue Bourguiba. Les policiers ont commencé à lancer des bombes lacrymogènes, alors que la manifestation était tout ce qu’il y a de plus pacifique jusque là. (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani)
13h30 : Changement de ton à Paris. Le ministère français des Affaires étrangère a encouragé le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali à poursuivre « l’ouverture » du régime, par la voix de son porte-parole, après le discours d’hier soir.
13h25 : L’opposition s’interroge. Depuis le début de protestations, l’opposition tunisienne a accompagné le mouvement plus qu’elle ne l’a organisé. Devant les appels réclamant très clairement le départ immédiat du président Ben Ali (« Du pain, de l’eau et Ben Ali dehors » peut-on entendre dans les rues de Tunis) elle craint qu’une éventuelle vacance du pouvoir ne profite à des groupes qui ne représentent pas la population. Une transition en douceur est privilégiée par la majorité de l’opposition (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani).
13h10 : Touristes rapatriés. Le voyagiste britannique Thomas Cook organise le rapatriement de ses touristes. Le départ de vacanciers anglais prévu le 16 janvier, a été annulé tandis que les 1 800 touristes présents sur place se sont vu proposer de rentrer par un vol ce vendredi. La filiale allemande a également annoncé le rapatriement de quelque 2 000 touristes vers Berlin. Un autre voyagiste TUI, dont un millier de client séjournent actuellement en Tunisie, a choisi de ne pas organiser de rapatriement. (BBC et AFP)
13h00 : Des heurts dans certaines villes. Les manifestations sont signalées dans toutes les villes tunisiennes importantes. Des violences ont été annoncées dans certaines d’entre elles, notamment Menzel Bourguiba, Kasserine et Gafsa. Les forces de l’ordre semblent avoir quitté ces dernières. À Tunis, le cortège semble en revanche pacifique : un manifestant qui a jeté une pierre sur le siège du ministère de l’Intérieur a été conspué par la foule d’après un correspondant de l’AFP.
D’après des témoignages, il y aurait eu trois morts à Le Kram (banlieue de Tunis) hier soir. Trois d’entre eux sont actuellement inhumés (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani et AFP)
11h50 : Carthage aussi. Des manifestations se déroulent également à Carthage. Environ 3 000 personnes ont défilé à Sidi Bouzid, d’où est parti le mouvement de contestation il y a un mois, et plusieurs centaines dans la localité proche de Regueb. (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani et AFP)
11h30 : Manifestation devant le ministère de l’Intérieur. Les manifestants, un moment empêchés par des policiers de circuler sur l’Avenue Bourguiba, ont pu défiler devant le ministère de l’Intérieur. Celui-ci est protégé par un fort cordon de policiers. Sur son toit sont postés des guetteurs qui filment la marche. « Non à Ben Ali », « Soulèvement continu, non à Ben Ali », crient les manifestants, en entonnant l’hymne national. « Le ministère de l’Intérieur est un ministère de la terreur » et « hommage au sang des martyrs » ou encore « non, aux Trabelsi (la belle famille du président, NDLR) qui a pillé le pays », scandent également les manifestants, au nombre de 5 000 à 6 000 personnes. Des avocats en robes noires font partie de la manifestation. (AFP)
10h15 : Les manifestants crient des slogans hostiles à Ben Ali. Refoulés, les manifestants ont commencé vendredi matin à crier des slogans hostiles au président Zine el-Abidine Ben Ali, qui a tenu la veille un discours se voulant apaisant mais laissant perplexe de nombreux Tunisiens. « Non à Ben Ali », « Soulèvement continu, non à Ben Ali », ont crié les manifestants, quelques dizaines au départ, qui n’ont pas été inquiétés par les policiers. (AFP)
10h00 : Des militaires devant chaque mosquée. À Tunis, la situation est très étrange. De nombreuses voitures se dirigent vers le centre, malgré les embouteillages. Les banques n’ont plus de liquidités et de nombreuses personnes sont sans argent dans la ville. Les militaires sont stationnés, parfois avec des chars, devant toutes les mosquées. Aucun policier en uniforme mais ceux en civil pullulent. Les piétons affluent vers l’avenue Bourguiba mais sont refoulés par les forces de l’ordre. (De notre correspondante à Tunis, Frida Dahmani)
8h40 : Un gouvernement d’union nationale "faisable". Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, a estimé vendredi sur la radio française Europe 1 que la formation dans son pays d’un gouvernement d’union nationale était « tout à fait faisable » et « même normale ». (AFP)
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