Aqmi revendique le rapt des Français, la polémique Paris-Niamey continue
Alors que Aqmi a revendiqué le rapt des deux jeunes Français tués le 8 janvier dernier dans des circonstances obscures, Paris a indiqué que des éléments portant l’uniforme de la gendarmerie nigérienne avaient combattu, au côté des ravisseurs, contre les forces spéciales françaises.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est bien le commanditaire de l’enlèvement à Niamey, le 7 janvier, de deux jeunes français de 25 ans qui ont trouvé la mort le lendemain dans l’opération visant à les libérer, au nord du Mali.
Dans un enregistrement audio diffusé jeudi par la chaîne Al-Jazira, l’organisation djihadiste a revendiqué le rapt et affirmé que les otages avaient été tués lors de l’assaut des forces spéciales françaises ayant eu lieu à une quinzaine de kilomètres de Tabankor (35 km au sud de Ménaka, au nord du Mali). « Vingt-cinq militaires nigériens ont été tués et blessés » dans les combats, selon le porte-parole d’Aqmi. Qui a également annoncé « le martyre » de deux des ravisseurs, qu’il a identifiés comme Mohamed Mohammadi Al-Azawadi et Moustapha al-Ansari, « des Touaregs du Niger ». Mais le porte-parole n’a pas dit quel émir d’Aqmi était le commanditaire de l’enlèvement – alors que tous les soupçons se portent sur Mokhtar Belmokhtar. Il n’a pas non plus indiqué clairement qui avait tué les otages. En fait, les circonstances du drame demeurent obscures.
Brûlures importantes
Alors que le Premier ministre français François Fillon avait affirmé que « les preneurs d’otages […] ont éliminé froidement les otages », il semble que seul l’un des deux jeunes ait directement succombé à une blessure par balle, tirée à bout portant, selon les premiers rapports de l’autopsie pratiquée à Paris.
L’un, Antoine de Léocour, a été tué d’une balle dans la tête à bout portant et « le corps du second [Vincent Delory, NDLR] portait plusieurs impacts de balles [cinq, NDLR] et des brûlures importantes » sur le bas du corps, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français de la Défense, Laurent Teisseire. Les raisons du décès du second otage restent donc à déterminer, selon des sources policières qui n’excluent pas l’hypothèse d’un tir ayant touché le réservoir de la voiture dans laquelle il se trouvait. Mais ce n’est pas tout.
En tout, neuf personnes – quatre ravisseurs présumés, trois gendarmes nigériens, et les deux otages français – ont été tuées lors de l’opération militaire franco-nigérienne, a précisé jeudi le procureur de Paris Jean-Claude Marin.
Corps habillés suspects
Mais la polémique entre Niamey et Paris enfle au sujet des hommes portant des uniformes de gendarmes nigériens, impliqués dans les échanges de tirs. « Quatre corps de personnes décédées dont deux portaient l’uniforme de la gendarmerie nigérienne, ainsi que deux blessés qui portaient également cet uniforme » ont été remis par les forces françaises aux autorités nigériennes après l’assaut, a affirmé le porte-parole du ministère français de la Défense.
« Les personnes portant l’uniforme de la gendarmerie nigérienne n’avaient pas les mains entravées, portaient des armes » et « ont combattu, participé à l’action, contre nos forces », a-t-il poursuivi. « Il appartient aux Nigériens de donner des éléments de réponse » à ce sujet, a-t-il conclu.
On s’en souvient, le ministre nigérien de l’Intérieur Ousmane Cissé avait fait état mercredi sur RFI de quatre gendarmes nigériens dont deux tués et deux blessés. Selon Niamey, ceux-ci auraient été pris dans une embuscade d’Aqmi. Cissé avait également contredit l’assertion de Paris concernant deux ravisseurs présumés qui auraient été fait prisonniers et qui seraient interrogés à Niamey par les autorités nigériennes. (Avec AFP)
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