Les deux Français « découverts sans vie » après une fusillade avec les ravisseurs

Paris affirme que les deux otages Français enlevés à Niamey vendredi soir ont été « exécutés ». Leurs corps ont été découverts après plusieurs fusillades des forces nigériennes et d’ « éléments français » avec les ravisseurs au cours de laquelle plusieurs d’entre eux ont été « neutralisés ».

Le restaurant Le Toulousain à Niamey, où deux Français ont été enlevés le 7 janvier 2011. © AFP

Le restaurant Le Toulousain à Niamey, où deux Français ont été enlevés le 7 janvier 2011. © AFP

Publié le 9 janvier 2011 Lecture : 4 minutes.

« Tout semble indiquer que les deux otages français » enlevés au Niger et tués samedi dans une opération militaire franco-nigérienne destinée à les libérer « ont été exécutés » par leurs ravisseurs, a affirmé dimanche le porte-parole du ministère français de la Défense Thierry Burckhard.

Le rapt dans un restaurant de la capitale nigérienne des deux amis, Antoine de Léocour et de Vincent Delory, âgés de 25 ans, n’a pas été revendiqué mais les soupçons se sont portés sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ou sur un groupe lié aux jihadistes.

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"Plus grande vigilance"

Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères a appelé les ressortissants français à « la plus grande vigilance » dans les pays du Sahel, « aucun endroit ne pouvant plus être considéré comme sûr ».

Sur son site internet à la rubrique « conseils aux voyageurs », réactualisé dans la nuit de samedi, le Quai d’Orsay recommande aux « ressortissants français de faire preuve plus que jamais, en tout temps et en tout lieu, de la plus grande vigilance et de la plus extrême prudence » dans trois pays du Sahel : la Mauritanie, le Mali et le Niger.

« Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr », a-t-il ajouté.

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« Il est tout particulièrement demandé aux Français de restreindre leurs déplacements en se référant aux indications figurant dans les conseils aux voyageurs propres à chacun des pays du Sahel (Mauritanie, Mali et Niger), ainsi que sur les sites internet de nos ambassades sur place », a-t-il ajouté.

Aqmi, mouvance opérant dans la bande sahélo-saharienne aux confins du Niger, du Mali, de l’Algérie et de la Mauritanie, détient cinq otages français depuis la mi-septembre dans le nord-est du Mali.

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"Éléments français"

Les deux jeunes gens ont été retrouvés morts après une fusillade près de la frontière avec le Mali entre les ravisseurs et des éléments de l’armée nigérienne lancés à leur poursuite, a indiqué le ministre français de la Défense, Alain Juppé.

Selon lui, l’opération « coordonnée avec des éléments français présents dans la région » a permis de « neutraliser » certains des ravisseurs, mais « à l’issue de cette action, les corps des deux otages ont été découverts sans vie », a-t-il ajouté, sans préciser qui était responsable de leur mort.

Plus tard, le président Sarkozy a condamné, « avec la plus grande fermeté », « l’assassinat » des otages, « un acte barbare et lâche », en assurant de la « détermination » de la France à « combattre sans relâche la barbarie terroriste ».

Le décès des deux jeunes hommes, originaires de la même petite ville du nord de la France, Linselles, avait été annoncé un peu plus tôt par des sources sécuritaires nigériennes.

Mariage avec une Nigérienne

Antoine de Léocour résidait au Niger, où il a notamment travaillé pour une une ONG et où il comptait se marier prochainement avec une Nigérienne. Son ami Vincent Delory l’y avait rejoint pour assister au mariage, selon un député de leur région.

C’est la première fois qu’un enlèvement de ce genre survient à Niamey, capitale considérée jusque-là comme sûre, à environ 200 kilomètres au sud de la frontière malienne.

Les Forces de défense et de sécurité nigériennes avaient fait face aux ravisseurs une première fois dans la nuit de vendredi à samedi près du Mali, selon le porte-parole du gouvernement nigérien Laouali Dan Dah.

Mais les ravisseurs « ont pu passer à travers les mailles du filet », avait-il poursuivi.

M. Juppé a aussi fait état d’un « accrochage dans la nuit, au cours duquel le chef du détachement de la garde nationale nigérienne a été blessé ».

Selon M. Dan Dah, les deux Français ont été enlevés vendredi soir par quatre hommes armés au restaurant Le Toulousain, dans le quartier du Plateau. Ils ont été forcés à monter à bord d’un 4×4 immatriculé au Bénin.

Les assaillants « parlaient l’arabe, le français et le haoussa », une langue locale, et étaient « enturbannés » à l’exception de l’un d’eux, a précisé M. Dan Dah.

À Niamey, de nombreuses patrouilles de forces de l’ordre ont circulé samedi et plus encore à la tombée de la nuit, a constaté un journaliste de l’AFP.

Durant la journée, une source militaire étrangère au Mali avait expliqué : « Nous pensons que ce sont les intermédiaires qui ont enlevé les deux Français et qu’ils sont en train de tenter de les céder à des intégristes, et nous faisons tout pour les en empêcher. »

La France tente actuellement d’obtenir la libération de cinq de ses ressortissants enlevés le 16 septembre 2010, avec un Togolais et un Malgache, sur le site d’extraction d’uranium d’Arlit, dans le nord du Niger.

Les otages, pour l’essentiel des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, seraient détenus dans le nord-est du Mali. Ce rapt a été revendiqué le 21 septembre par Aqmi.

Aqmi avait annoncé en juillet l’exécution d’un otage français, l’humanitaire Michel Germaneau, dont le corps n’a jamais été retrouvé.

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