Scrutin historique : le Sud vote pour l’indépendance

Les Sud-Soudanais votent massivement dimanche au premier jour d’un référendum historique attendu depuis plus de 50 ans qui devrait mener à la partition du plus vaste pays d’Afrique, entre le Nord musulman et le Sud chrétien.

Des Sud-Soudanais font la queue avant de voter pour le référendum d’indépendance, le 9 janvier © AFP

Des Sud-Soudanais font la queue avant de voter pour le référendum d’indépendance, le 9 janvier © AFP

Publié le 9 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

"C’est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient", a déclaré le président de cette région semi-autonome, Salva Kiir, après avoir voté à Juba, capitale du Sud-Soudan, dans un centre jouxtant le mausolée de John Garang, chef de la rébellion sudiste décédé en 2005 peu après avoir signé la paix avec Khartoum.

"Je pense aux proches de Dr. John et à tous ceux qui sont morts avec lui, je voudrais leur dire aujourd’hui qu’ils ne sont pas morts en vain", a ajouté M. Kiir.

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Environ quatre millions de Sudistes, vivant au Sud-Soudan, mais aussi dans le nord et à l’étranger, sont invités à se rendre aux urnes pour choisir entre le maintien de l’unité ou la sécession au cours de ce scrutin qui remet aussi en cause les frontières héritées de la colonisation occidentale en Afrique.

Sept jours de scrutin

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) et doivent fermer à 17H00 (14H00 GMT). Le scrutin se tient sur sept jours et prend fin le 15 janvier.

La partition semble inévitable à l’issue de ce référendum prévu par l’accord de paix conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, qui a mis fin à une guerre civile de plus de 20 ans au cours de laquelle deux millions de personnes ont péri.

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"C’est le début d’un nouveau chapitre dans l’Histoire du Soudan, et un chapitre très important. Je suis plein d’espoir. C’était formidable de voir Salva Kiir voter aujourd’hui. C’est la culmination de négociations difficiles et de plusieurs obstacles qui ont dû être levés", a dit à l’AFP le sénateur américain John Kerry, présent à Juba.

"Si le Sud devient indépendant, il y aura beaucoup de travail à faire parce que ce sera la naissance d’un nouveau pays. Le Nord et le Sud peuvent compter sur notre soutien", a assuré l’émissaire américain Scott Gration.

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Si les Sudistes votaient massivement dans le Sud, plusieurs bureaux de vote dans le Nord du pays, où plus de 115.000 Sudistes se sont inscrits, étaient vides, selon des journalistes de l’AFP.

Des milliers de personnes, dont plusieurs n’ayant pas fermé l’oeil de la nuit, avaient patienté de longues heures en attendant l’ouverture des bureaux de vote de la capitale sudiste Juba.

"C’est un nouveau jour parce que nous votons pour notre liberté. Nous avons combattu pendant trop d’années, mais aujourd’hui ce vote pour la séparation est aussi un vote pour la paix. Le soleil se lèvera bientôt sur un Sud-Soudan libre", a dit Wilson Santino, un électeur

Coexistence pacifique

Le chef sudiste Salva Kiir a plaidé samedi pour une "coexistence pacifique" entre le Nord et le Sud. Le président soudanais Omar el-Béchir s’était quant à lui engagé à reconnaître la sécession du Sud au terme d’un référendum "libre et transparent", voire à aider à bâtir un Etat dans le Sud, région pétrolière de plus de 8,5 millions d’habitants, qui serait amené à devenir l’un des pays les plus pauvres sur la planète.

Des combats meurtriers samedi dans l’Etat pétrolier d’Unité et dans l’enclave disputée d’Abyei, deux secteurs clés à la lisière Nord-Sud, ont toutefois assombri ce jour attendu depuis un demi-siècle par les Sudistes qui avaient pris les armes contre Khartoum pour la première fois en 1955.

Le président américain Barack Obama avait demandé samedi dans le New York Times que les Sud-Soudanais puissent voter librement, sans intimidation, et avait demandé aux leaders politiques de s’abstenir de déclarations belliqueuses.

"Toutes les parties doivent s’abstenir de rhétorique enflammée ou d’actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d’exprimer leur choix".

La majorité simple (50% + une voix) est nécessaire pour que le "oui" l’emporte, mais il faut qu’au moins 60% des électeurs inscrits votent afin que le résultat soit valide.

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