La malédiction du vrai-faux masque sacré de Lambaréné
Après avoir offert la copie d’un masque sacré galoa à des partenaires chinois lors de l’Exposition universelle de Shangaï, le maire de Lambaréné s’est vu poursuivi par une méchante rumeur. Qui a entraîné sa chute…
Il s’en souviendra longtemps de ce (faux) masque sacré, l’ancien maire de Lambaréné. Séraphin Akouré Davain a dû quitter ses fonctions pour « préserver la cohésion sociale » de sa ville. Accusé par une partie de la communauté galoa, l’ethnie locale, d’avoir vendu à des Chinois une partie de leur patrimoine culturel, il a été confronté à de vives protestations et à des opérations « spirituelles » dirigées contre lui. Si l’affaire – ubuesque – prête à sourire, elle aurait pu avoir une fin tragique.
Tout partait d’une bonne intention. Au début de l’année 2010, soucieux de promouvoir la culture de la région, le maire commande des reproductions de masques pour le pavillon gabonais de l’Exposition universelle de Shangaï. Parmi ces pièces, la copie d’un masque sacré galoa, payée par le maire 80 000 F CFA (environ 120 euros), remporte un certain succès. Séraphin Akouré Davain finit même par l’offrir à des partenaires chinois. Mal lui en prend. Diffusée par un agent municipal, une rumeur l’accuse alors d’avoir vendu très cher le fameux masque et d’avoir empoché l’argent.
Menaces, intidimations, manifestations…
« Des danseurs masqués ont envahi la mairie et ont exécuté des danses funéraires en guise de malédiction contre moi », raconte Séraphin Akouré Davain, encore choqué par cette démonstration de force (occulte). Dans la mairie, une chapelle ardente est aussi dressée, avec des couronnes funéraires récupérées dans le cimetière voisin. La photo de l’édile est même arrachée du mur.
Désemparé, le maire réussit à faire rapatrier de toute urgence le faux masque sacré. Mais les « manifestants » exigent une cérémonie de « réappropriation ». Coût du rituel : trois millions de F CFA. « Nous ne les avions pas », a expliqué Séraphin Akouré Davain, qui rappelle toutefois que le masque en question n’avait jamais été sacralisé. Menaces, manifestations, intimidations… De guerre lasse, le maire de Lambaréné a préféré démissionner, le 31 décembre dernier. Cela suffira-t-il à le mettre à l’abri du mauvais sort ?
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