Burqa : le « bon sens » du chef de la police d’Amsterdam fait polémique

Le chef de la police d’Amsterdam, Bernard Velten, refuse d’appliquer à la lettre une loi anti-burqa. Ses propos ont provoqué l’indignation du parti islamophobe de Geert Wilders, le PVV, ainsi que d’autres formations politiques de droite.

Les trois leaders de la droite néerlandaise, dont Geert Wilders (à dr.) du PVV. © Robin Utrecht/AFP

Les trois leaders de la droite néerlandaise, dont Geert Wilders (à dr.) du PVV. © Robin Utrecht/AFP

Fouad Laroui © DR

Publié le 6 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est une minitempête politique qu’a déclenchée Bernard Velten, le chef de la police d’Amsterdam, en affirmant qu’il n’avait aucunement l’intention de faire arrêter les femmes portant la burqa dans les rues de la capitale des Pays-Bas. Au cours d’un entretien diffusé le mardi 4 janvier à la télévision, il a enfoncé le clou : « Avant d’appliquer la loi, un policier doit d’abord utiliser son bon sens. »

Les partis de droite sont immédiatement montés au créneau. Pour le porte-parole des libéraux du VVD (parti populaire libéral et démocrate), une telle déclaration constitue une grave remise en cause de la séparation des pouvoirs. Selon lui, par ses déclarations, Velten semble en effet suggérer que le législateur, élu par le peuple, ne fait pas toujours preuve de bon sens et que c’est à la police de le corriger. Hero Brinkman, l’un des députés les plus en vue du PVV (parti pour la liberté, populiste et islamophobe), va encore plus loin. Il accuse Velten d’oublier que les Pays-Bas sont un État de droit et de vouloir instaurer un État policier. Dans la foulée, il exige sa démission ou sa suspension.

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Burqa ou sécurité publique

Le syndicat de la police s’est porté au secours de Velten, soulignant que ce dernier ne faisait qu’étendre à la question de la burqa l’attitude mesurée qui est la marque d’un bon maintien de l’ordre. Selon un porte-parole de l’organisation, « si un automobile dépasse de quelques pour cent la vitesse maximale sur une route déserte, il n’est pas vraiment nécessaire de le verbaliser. Une femme en burqa dans la rue ne peut constituer une priorité pour nous : la police doit avant tout assurer la sécurité publique. Le reste n’est pas très important. »

Depuis, la polémique fait rage. Ce n’est pas la première fois que la haute hiérarchie de la police d’Amsterdam, capitale volontiers frondeuse d’un pays décentralisé, affronte les politiciens de La Haye, siège du gouvernement et du Parlement. Il y a une vingtaine d’années, Eric Nordholt, le prédécesseur de Velten, avait carrément refusé de faire la chasse aux immigrés clandestins, comme le lui demandait La Haye.

Le plus étonnant dans l’affaire est que la burqa n’est pas (encore) interdite aux Pays-Bas. Certes, le PVV a arraché aux partis de la coalition au pouvoir la promesse de prohiber le voile intégral en échange du soutien qu’il leur apporte, mais le fait est que le Parlement n’a pas encore trouvé le temps de s’occuper de cette question. Il faut dire qu’elles ne sont qu’une petite centaine à porter le voile intégral aux Pays-Bas, et qu’elles ne font pas parler d’elles. Mais pour le PVV et son chef Geert Wilders, la loi anti-burqa serait un symbole éclatant de son influence au pays de la tulipe. Le chef de la police d’Amsterdam,lui, n’a apparemment rien à faire des symboles…
 

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