Sondage : l’islam et les musulmans perçus comme « une menace »

Selon une enquête réalisée sur les deux rives du Rhin, Français comme Allemands ne voient pas d’un très bon œil les musulmans qui vivent à leurs côtés.

La Grande mosquée de Paris, en septembre 2010. © AFP

La Grande mosquée de Paris, en septembre 2010. © AFP

Publié le 4 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

En France comme en Allemagne, plus de 40 % de la population considère l’islam « plutôt comme une menace » (42 % en France, 40 % en Allemagne), révèle Le Monde dans un sondage Ifop effectué auprès des ressortissants de ces deux poids lourds européens.

Pour 22 % des Français, bien au contraire, les musulmans sont « un facteur d’enrichissement culturel » – 24 % en Allemagne – quand, dans les deux pays, 36 % de la population choisit la réponse « ni l’un ni l’autre ».

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Un islam "trop influent", "trop visible"

« Malgré une histoire coloniale différente, une immigration différente et des modes d’intégration différents, il est frappant de relever que le constat, dur et massif, est le même dans les deux pays », relève Jérôme Fourquet, de l’institut de sondage Ifop.

Une autre question du sondage porte sur « l’influence et la visibilité de l’islam » : 55 % des Français et 49 % des Allemands les jugent « trop importantes ».

De Paris à Berlin, la question semble poser problème aux dirigeants comme aux citoyens. Les premiers durcissent leur législation anti-immigration et les seconds s’inquiètent de l’intégration des personnes pratiquant l’islam. Pour 68 % des Français interrogés, en effet, les 5 à 6 millions de musulmans de France ne sont « pas du tout » ou « plutôt pas » intégrés. En Allemagne, le pourcentage est encore plus significatif : 75 % des Allemands estiment que l’intégration est peu aboutie ou ne l’est pas.

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"Refus de s’intégrer" ?

Pour l’expliquer, des deux côtés du Rhin, on cite avant tout « leur refus de s’intégrer » (61 % en France, 67 % en Allemagne), puis les « trop fortes différences culturelles » (40 % et 34 %) avant la ghettoïsation (37 % et 32 %) et le racisme des pays d’accueil (18 % et 15 %).

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Et, si le sentiment d’hostilité envers l’islam ne date pas d’hier en Europe, c’est bien la question de l’intégration qui occupe aujourd’hui le terrain, puisque. Comme l’explique Jérôme Fourquet : « On est passé du "3 millions d’immigrés, 3 millions de chômeurs" à l’expression d’une menace pour l’identité culturelle d’une société de tradition chrétienne. On sait que les immigrés musulmans ne repartiront pas et le débat se focalise donc sur leur intégration. »

Polémiques identitaires

En France comme en Allemagne, le débat sur l’identité propre du pays a fait rage ces derniers mois. La chancelière Angela Merkel a récemment affirmé que le modèle multiculturel dans lequel cohabiteraient harmonieusement différentes cultures avait « complètement échoué ».

L’intégration des étrangers, a fortiori des musulmans, a alimenté la polémique outre-Rhin, alors qu’un ancien dirigeant de la Banque centrale allemande, Thilo Sarrazin a publié un ouvrage anti-islam, L’Allemagne se détruit, qui s’est vendu à 1,25 million d’exemplaires en à peine quatre mois.

L’année 2010 a été marquée, en France, par le débat sur l’identité nationale, qui a donné lieu à de nauséabonds dérapages de la part de la classe politique. Dans la foulée, le gouvernement a adopté une loi contre le port du voile intégral dans l’espace public. Mais le Premier ministre François Fillon a tenu à saluer l’islam de France, « culte de paix et de dialogue ».

Comme pour le démentir, le parti d’extrême-droite Front national (FN) a soufflé sur les braises en comparant à l’Occupation de la France par l’Allemagne pendant la guerre et les prières de rue, organisées par des musulmans à Paris faute de place suffisante dans la mosquée du quartier en question. (avec AFP)

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