Gbagbo s’engage à lever le blocus du QG de Ouattara

Selon les quatre médiateurs africains qui ont effectué une visite à Abidjan lundi pour tenter de résoudre la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo s’est engagé à lever le blocus de l’hôtel du Golf. Et à négocier sans conditions avec Ouattara…

Seul contre tous, Laurent Gbagbo commence à lâcher un peu de lest. © AFP / Sia kambou

Seul contre tous, Laurent Gbagbo commence à lâcher un peu de lest. © AFP / Sia kambou

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 4 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

La seule concession de Laurent Gbagbo depuis le début de la crise postélectorale est toute relative. Selon une déclaration commune des quatre médiateurs UA – Cedeao qui a été lue à la presse par James Victor Gbeho, président de la commission de la Cedeao, à Abuja mardi, le président ivoirien sortant a déclaré qu’il s’engageait « à lever immédiatement le blocus autour du Golf Hôtel », QG temporaire du président élu le 28 novembre dernier, Alassane Ouattara.

En outre – mais ce n’est pas à proprement parler une information – Gbagbo s’est dit prêt à « négocier une issue pacifique de la crise, sans condition préalable ». Problème : il a toujours clairement indiqué qu’il ne quitterait pas le pouvoir, ne « cèderait pas aux pressions » et on comprend donc mal ce qu’il pourrait négocier… Tout au plus a-t-il proposé il y a quelques jours le poste de vice-président à Alassane Ouattara.

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L’ambiguïté du camp Gbagbo

Cherchant à diviser les pays africains en essayant d’assouplir la position de ceux – nombreux – qui condamnent son coup de force institutionnel, Gbagbo a également proposé de mettre sur pied un « comité d’évaluation » de la crise post-électorale, laissant entendre implicitement qu’il envisagerait peut-être de quitter le pouvoir après l’examen par ledit comité des circonstances de l’élection et le recomptage des voix. C’est tout l’art de la communication de Gbagbo de vouloir passer pour un homme de dialogue – voire un démocrate – alors qu’il refuse de reconnaître le résultat d’une élection qui le donne perdant.

Toute l’ambiguïté de la posture adoptée par le camp Gbagbo, sous la menace d’une intervention militaire de la Cedeao, se trouve résumée dans les propos de Charles Blé Goudé, leader des jeunes « patriotes ». « Nous ne redoutons rien du tout, mais nous pensons qu’il faut le dialogue », a-t-il expliqué sur France 24. « Tout le monde parle aujourd’hui de négociation, de dialogue, moi je continue ma mobilisation, je la reprends dès cet après-midi, je mobilise et je regarde vers le Golf Hôtel. » Un établissement qu’il avait récemment menacé d’aller « libérer à mains nues » avec ses partisans…

L’intransigeance du camp Ouattara

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De son côté, le camp Ouattara critique ce qu’il estime être des manœuvres dilatoires du président sortant, qui ne songerait selon lui qu’à gagner du temps pour se fournir des armes. « Tout ce qu’on attend c’est qu’il [Gbagbo] s’en aille, le reste n`a aucun intérêt pour nous », a répondu mardi Ali Coulibaly, conseiller diplomatique du président élu. « Gbagbo essaie d`endormir la conscience des gens, a-t-il affirmé. Non sans ajouter que « sa parole n’a aucune espèce d’importance ».

Ouattara avait déjà refusé hier toute possibilité de négociation, voire de rencontre avec Gbagbo, si ce dernier ne remplissait pas trois conditions : l’acceptation du résultat des urnes, sa reconnaissance comme président de la Côte d’Ivoire et la levée du blocus de l’hôtel du Golf. Avec sa proposition, Gbagbo est donc encore loin du compte.

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D’autant que les quatre émissaires africains – le Premier ministre kényan Raila Odinga, envoyé de l’UA, ainsi que les présidents béninois Yayi Boni, sierra-léonais Ernest Koroma et cap-verdien Pedro Pires, médiateurs de la Cedeao – n’ont pas dévié de la feuille de route qui leur était donnée. Ils ont renouvelé dans leur déclaration l’appel à Gbagbo pour que celui-ci cède le pouvoir à Ouattara.

Un appel réitéré par le président de l’Union africaine (UA), le Malawite Bingu wa Mutharika, qui s’est par ailleurs dit « déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d’Ivoire ». Il a certes loué les efforts de l’organisation régionale, mais il a souligné que Cedeao et UA « gardaient le droit d’intervenir par tous les moyens à leur disposition ». (Avec AFP)

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