CEI : Youssouf Bakayoko sort de son silence
Le président de la Commission électorale indépendante Youssouf Bakayoko s’est enfin exprimé sur les conditions de proclamation des résultats de la présidentielle par son administration. Et réfute au passage tous les arguments contradictoires du camp Gbagbo.
C’est en compagnie de son porte-parole, Yacouba Bamba, que le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, a donné vendredi 31 décembre à Paris une conférence de presse pour expliquer les conditions controversées dans lesquelles son administration a proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle ivoirienne, lesquels ont été peu après certifiés par l’ONU, selon les accords de Ouagadougou (2005).
« Personne ne nous a dit que les calculs que nous avons faits étaient entachés d’irrégularités », a-t-il déclaré. Bakayoko assure en outre que les délais de transmission des résultats, qui ont donné Alassane Ouattara largement vainqueur avec 54,1 % des voix, ont été respectés contrairement à ce qu’affirme le camp Gbagbo. Selon le président sortant, la proclamation n’était pas valide car hors-délai, ce qui justifiait le recours immédiat au Conseil constitutionnel. Lequel a annulé les voix de plus de 600 000 électeurs de sept départements du Nord pro-Ouattara pour proclamer la victoire de Gbagbo. Sans même appliquer l’article 64 du code électoral l’autorisant seulement à annuler l’ensemble des élections en cas de fraude pour les faire réorganiser dans le 45 jours…
Interprétation abusive de la loi
En réalité, dit Bakayoko, la CEI avait « trois jours pour transmettre » les résultats sous enveloppes à différentes autorités. « Ce que nous avons fait », affirme-t-il. « La notion d’heure limite pour annoncer les résultats est une interprétation abusive de la loi », a-t-il fait savoir.
Autre accusation du camp Gbagbo à l’encontre du président de la CEI : celle d’avoir proclamé les résultats sous l’influence des ambassadeurs de France et des États-Unis.
« Ils sont allé chercher Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante, pour le conduire à l’hôtel du Golf qui est le quartier général de mon adversaire », a affirmé cette semaine Laurent Gbagbo. « Nous avons cherché un endroit sécurisé pour proclamer les résultats », a expliqué Bakayoko. « Les conditions n’étaient plus réunies pour les proclamer au siège de la CEI, transformé en véritable camp militaire », a précisé pour sa part Yacouba Bamba.
« Quelle négociation peut-il y avoir ? »
Celui-ci a d’ailleurs tenu à écarter toute négociation entre les deux camps pour sortir de la crise. « Des négociations ont eu lieu avant le scrutin (….) On a eu trop de négociations. C’était pour nous permettre d’avoir des élections justes et équitables. Maintenant quelle négociation peut-il y avoir ? »
« Notre message aux Ivoiriens est de garder patience. Les Ivoiriens se sont exprimés dans les urnes. Il faut que la volonté du peuple soit respectée », a-t-il souligné. « Nous n’avons pas l’occasion de communiquer avec les Ivoiriens par la radio télévision nationale. A l’étranger, on peut donner notre version des faits sur le scrutin », a-t-il fait expliqué, profitant du fait que des télévisions étrangères soient à nouveau diffusées à Abidjan – à l’exception notable de France 24 et de TV5 Monde.
Dernier argument du camp Gbagbo réfuté par les deux responsables de la CEI, celui des fraudes massives qui auraient eu lieu dans le nord de la Côte d’Ivoire. Selon Bamba, les rapports des préfets favorables à Alassane Ouattara dans le nord ne « font pas état de morts ni d’urnes emportées contrairement à d’autres régions de l’ouest du pays, où il y a eu des morts et des urnes cassées et emportées », affirme-t-il. « Pourquoi, dans des régions favorables à un candidat, estime-t-on devoir éliminer des voix ? » (Avec AFP)
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