La Cedeao veut croire à une issue diplomatique

Au lendemain de l’échec de leur médiation, les émissaires de la Cedeao ont annoncé leur retour à Abidjan pour la semaine prochaine, semblant écarter d’emblée la possibilité d’une intervention militaire.

Laurent Gbagbo (G) avec Ernest Koroma et Boni Yayi, le 28 décembre à Abidjan. © AFP

Laurent Gbagbo (G) avec Ernest Koroma et Boni Yayi, le 28 décembre à Abidjan. © AFP

Publié le 29 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Malgré l’échec de la médiation ouest-africaine menée en Côte d’Ivoire mardi, la Cedeao continue de privilégier la piste des négociations après avoir brandi la menace d’une intervention militaire contre le régime Gbagbo. Les trois présidents ouest-africains rentrés d’Abidjan dans la soirée ont fait savoir mercredi 29 décembre qu’ils seraient de retour dans la capitale économique ivoirienne dès « la semaine prochaine », afin de convaincre Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Dramane Ouattara.

« La mission des chefs d’État devra retourner en Côte d’Ivoire dans le courant de la semaine prochaine pour poursuivre les contacts et essayer de conclure la médiation », a indiqué dans un communiqué la présidence cap-verdienne. Cette mission est composée des présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et cap-verdien Pedro Pires, revenus « faire le point » à Abuja (Nigeria) avec le président Goodluck Jonathan,  également président en exercice de la Cedeao.

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« On ne parle plus d’intervention militaire de la Cedeao qui semble, heureusement, écartée pour le moment », a précisé le secrétaire d’État aux Affaires Étrangères du Cap Vert, Jorge Borges, interrogé par téléphone depuis Praia alors qu’il se trouvait à Abuja avec M. Pires. Cela laisse « de l’espace et du temps pour bien réfléchir aux intérêts du pays et d’envisager une solution pacifique. »

Gbagbo « gagne du temps »

Un répit, donc, pour Laurent Gbagbo qui, selon un observateur de la crise ivoirienne, « gagne du temps » après l’ultimatum que lui ont adressé mardi les trois émissaires de la Cedeao venus le rencontrer au Palais présidentiel, avant de s’entretenir avec Alassane Ouattara et Choi Young-jin, chef de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci).

Un communiqué de la Cedeao note que les deux parties ivoiriennes « ont demandé quelque temps pour réfléchir dans le but de trouver une solution viable pour la conclusion du processus électoral, seule sortie capable de promouvoir la paix et la stabilité durables dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest ».

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Laurent Gbagbo n’a pas donné sa position officielle au sortir des discussions mais il avait clairement indiqué auparavant qu’il se considérait comme l’unique président ivoirien et n’envisageait pas de céder la place. Au cours des dernières semaines de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, le camp Gbagbo a plaidé pour des discussions, tandis que chez son rival comme du côté de ses soutiens extérieurs, on n’entend parler que des conditions du départ de l’actuel locataire de la présidence.

Grève très suivie à Yamoussoukro

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Yamoussoukro, la capitale politique du pays, était « ville morte » mercredi, après un appel à la grève générale lancé par le camp Ouattara en début de semaine et peu suivi dans un premier temps. La police a par ailleurs interpellé à son domicile Moussa Diarra, un délégué syndical à présent détenu au premier arrondissement de police de Yamoussoukro, selon le correspondant de Jeune Afrique sur place.

À l’étranger, une quarantaine de jeunes Ivoiriens pro-Ouattara occupaient l’ambassade ivoirienne au Mali pour « exiger le départ » de Laurent Gbagbo. À Bruxelles, une cinquantaine de partisans de Ouattara se sont aussi réunis devant l’ambassade de Côte d’Ivoire pour réclamer le départ de l’ambassadrice pro-Gbagbo.

Enfin, une trentaine d’intellectuels, surtout français et africains – dont certains très proches de Gbagbo, comme Guy Labertit ont appelé dans une lettre ouverte à « enrayer la menace de guerre », qui plongerait « à coup sûr le pays et la sous-région dans la tourmente ».  (avec AFP)

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