Trois chefs d’État et un Premier ministre au chevet d’Abidjan

Envoyés par la Cedeao, les présidents Yayi (Bénin), Pires (Cap-Vert), et Koroma (Sierra Leone) doivent rencontrer mardi les acteurs de la crise politique ivoirienne à Abidjan. Parallèlement, l’UA a nommé le Premier ministre kényan Raila Odinga pour coordonner les efforts diplomatiques de ses membres afin d’épargner à la Côte d’Ivoire une nouvelle guerre civile.

Soldats de l’ONU en patrouille à Abidjan, le 27 décembre. © AFP

Soldats de l’ONU en patrouille à Abidjan, le 27 décembre. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 28 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Qui des trois chefs d’État envoyés à Abidjan par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ou du Premier ministre mandaté par l’Union africaine (UA) arrivera à faire entendre raison au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ? La réponse semble contenue dans la question tant il paraît difficile pour un Premier ministre de faire le poids face à trois présidents en exercice. Mais la position de la Cedeao reste inflexible – elle a même menacé Gbagbo d’une intervention militaire -, alors que celle de l’UA pourrait s’assouplir. Explications.

Les trois présidents ouest-africains attendus ce mardi à Abidjan ont des atouts pour avoir l’oreille de Laurent Gbagbo. Si Ernest Koroma (Sierra Leone) n’a apparemment pas de liens avec Gbagbo, Boni Yayi (Bénin) est considéré comme l’un de ses proches (Simone Gbagbo lui a rendu visite tout récemment), et Pedro Pires (Cap-Vert) est à la fois un obligé des Occidentaux et de l’Angola, l’allié indéfectible du président ivoirien sortant, depuis que ce dernier a fermé le bureau de l’Unita à Abidjan en arrivant au pouvoir en 2000.

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Le président du Bénin Boni Yayi, lors de son arrivée à Abuja, le 24 décembre dernier.

© AFP

Gagner du temps

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Mais le message dont ils sont porteurs est précisément celui que Gbagbo ne veut pas entendre : céder le pouvoir au président élu le 28 novembre dernier (54,1%), Alassane Dramane Ouattara, en échange d’une certaine immunité et désormais, du retrait de la menace d’une intervention armée. Par ailleurs, nul ne sait vraiment si Gbagbo, qui recrute de jeunes miliciens à Abidjan et dans l’Ouest, ne cherche pas avant tout à gagner du temps pour mieux se préparer à une guerre civile qu’il juge inévitable.

Dans ce contexte, la nomination par l’UA du Premier ministre kényan, Raila Odinga, comme coordinateur des efforts déployés par l’organisation panafricaine pour résoudre la crise politique ivoirienne apparaît comme un mauvais signe pour Gbagbo. Odinga n’avait-il pas été l’un des premiers à suggérer, à la mi-décembre, « le recours à la force militaire » pour déloger le leader du Front populaire ivoirien (FPI) ?

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Mais d’un autre côté, le statut d’Odinga, nommé Premier ministre en 2008 dans un gouvernement de coalition mis en place pour mettre fin à la crise politique kenyane, pourrait lui permettre d’imposer à Ouattara une solution politique identique. Solution proposée par Gbagbo et que rejette pour l’instant Ouattara.

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