Ouattara lance un appel (peu suivi) à la grève générale pour chasser Gbagbo du pouvoir

Le camp du président élu Alassane Dramane Ouattara a appelé les Ivoiriens à la grève générale à partir de lundi, jusqu’à ce que le président sortant Laurent Gbagbo quitte le pouvoir. La Cedeao doit quand à elle envoyer une mission dirigée par des chefs d’États de la région mardi.

Alassane Ouattara tente par tous les moyens de déloger son adversaire. © AFP

Alassane Ouattara tente par tous les moyens de déloger son adversaire. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 27 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Pendant que Laurent Gbagbo continue de fulminer contre un « complot », qu’auraient mené, selon lui, les États-Unis et la France contre lui, Alassane Ouattara se creuse la tête pour récupérer de manière pacifique le fauteuil présidentiel qu’une majorité d’électeurs ivoirien lui ont donné.

Dernière idée de son camp : un appel à la grève générale. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, la coalition pro-Ouattara) demande au peuple ivoirien de « cesser les activités jusqu’au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo ».

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Échec du précédent appel

Le 21 décembre, le Premier ministre Guillaume Soro avait déjà lancé un « appel à la désobéissance », mais il avait été peu entendu et peu suivi.

Le même scénario semble se produire pour ce nouvel appel.

Lundi, du quartier chic de Cocody (nord) au quartier populaire de Treichville (sud), la ville d’Abidjan offrait le même spectacle : embouteillages et concert de klaxons, taxis en vadrouille, commerces ouverts.

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Les rues du quartier d’Abobo (nord), bastion de M. Ouattara, étaient encombrées de voitures et les petits marchands prenaient d’assaut les trottoirs en quête de clients.

Cependant dans le centre du pays, à Bouaké, fief de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) alliée à Alassane Ouattara, la consigne était davantage suivie, le marché et les banques étant fermés, même si les taxis circulaient.

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Le camp Ouattara continue par ailleurs d’activer ses réseaux à l’étranger pour isoler son adversaire sur la scène internationale.

Dimanche, il a obtenu que l’avion présidentiel de Laurent Gbagbo soit immobilisé à l’aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse, après une demande en ce sens formulée par Ouattara auprès de Paris.

Blé Goudé mobilise ses troupes

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a menacé Laurent Gbagbo d’une intervention militaire pour le déloger vendredi, doit envoyer une mission mardi à Abidjan. Elle sera dirigée par les présidents du Bénin, Boni Yayi (réputé parmi les chefs d’États de la sous-région être l’un des plus proches de Laurent Gbagbo), de la Sierra Leone, Ernest Koroma et du Cap-Vert, Pedro Pires.

Avant l’arrivée de ces envoyés spéciaux, qui seront accueillis « en ami[s] et en frères » selon le ministre de l’Intérieur de Laurent Gbagbo, Émile Guiriéoulou, le Bénin a fait savoir que la Cedeao privilégiait « une sortie de crise par le dialogue ».

À l’extérieur, Laurent Gbagbo continue de compter parmi ses alliés l’Angola, qui a toutefois a démenti avoir envoyé des soldats en Côte d’Ivoire.

À l’intérieur, le président sortant dispose toujours de la fidélité de l’armée et sait pouvoir compter sur une partie de la rue abidjanaise, où il recrute des jeunes pour en faire des miliciens (comme dans l’Ouest). Fidèle parmi les fidèles, son nouveau ministre de la Jeunesse et leader des « jeunes patriotes » Charles Blé Goudé, mobilise ses militants en vue d’un immense rassemblement pour « la dignité et de la souveraineté » du pays dans la capitale économique mercredi.

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