WikiLeaks : Grace Mugabe et les « diamants sales »
L’épouse de Robert Mugabe, Grace a récemment été au cœur des dernières révélations de WikiLeaks, rapportées par l’hebdomadaire zimbabwéen The Standard. Une note diplomatique américaine l’accusant d’avoir gagné des millions de dollars grâce à la vente illégale de diamants a été publiée. Grace Mugabe a aussitôt démenti et engagé des poursuites en diffamation contre le journal, réclamant 15 millions de dollars de dommages et intérêts. Retour sur une affaire qui ternit encore un peu plus l’image d’une First Lady controversée.
Afrique : la bombe WikiLeaks
Si la première dame du Zimbabwe, surnommée ironiquement par The Independent « The First Shopper », fait à nouveau les gros titres ce n’est pas, comme ce fut souvent le cas, pour ses dépenses disproportionnées concernant sa garde-robe, mais pour avoir réalisé d’énormes profits dans la vente illégale de diamants issus de la mine de Marange, à l’est du Zimbabwe.
« Un petit groupe de responsables politiques ont tiré des profits énormes des champs de Chiadzwa », dans le district de Marange, écrivait l’ambassadeur américain James McGee dans un télégramme transmis à Washington en novembre 2008. Elle n’est donc pas la seule impliquée dans cette affaire puisque plusieurs ministres et hauts fonctionnaires seraient également compromis. Notamment le vice-président Joyce Mujuru et Sabina Mugabe, la défunte sœur du président, qui, sur son lit de mort, avait accusé Grâce d’avoir commis des infidélités avec le gouverneur de la Banque centrale, Gideon Gono, lui même impliqué.
The Herald, le quotidien gouvernemental, a signalé que la première dame avait déposé le 15 décembre une plainte en diffamation contre le Standard, lui réclamant 15 millions de dollars. George Chikumbirikedit, avocat de Grace, dénonce une véritable atteinte au respect de « la mère de la nation ». Selon lui, l’article décrit à tort Grace Mugabe comme corrompue en affirmant « qu’elle a utilisé sa position de première dame pour exploiter des diamants dans la clandestinité, s’enrichissant alors que le pays était confronté à de graves pénuries de devises étrangères ».
Goût du pouvoir et du luxe
Grace Mugabe, surnommée « Dis-grace » par ses détracteurs, a visiblement un goût prononcé pour tout ce qui brille ou qui a l’odeur de l’argent. Loin d’être douée pour les études, elle a semble avoir acquis ses nombreuses richesses grâce à une vie amoureuse bien remplie. Avant de devenir la première dame du pays, elle fut l’épouse du célèbre pilote Stanley Goreraza, qui travaille actuellement à l’ambassade du Zimbabwe en Chine. Elle était devenue la maîtresse de Robert Mugabe alors qu’elle occupait un poste de secrétaire à la présidence zimbabwéenne.
Après le décès de la première femme du président, ils ont vécu dans le secret quelques années pendant lesquelles ils ont eu deux enfants. Malgré les 41 années de différence, ils se marièrent en grande pompe en 1996 en invitant plus de 12 000 personnes, dont les dirigeants de la SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe), alors que le pays connaissait déjà de lourdes difficultés.
En plus de disposer d’un pouvoir considérable et d’exercer une redoutable influence sur son mari, Grace est accusée par l’opposition d’avoir vidé les caisses de l’État. De fait, chacun garde en mémoire ses nombreuses virées shopping aux quatre coins du monde (particulièrement à Hong Kong) mais surtout l’acquisition de sa fameuse propriété « Neverland », après la loi d’expropriation des fermiers blancs.
La dis-Grace continue
Dans ce domaine rebaptisé « Graceland », la First Lady aurait à peine séjourné, d’après des sources locales. Adepte du démenti, elle avait à l’époque assuré avoir payé cette flambante propriété avec ses propres moyens, tout comme ses vêtements qu’elle assurait « faire et vendre soi-même ».
Déclarations qui prêtent à sourire quand on connaît le penchant de la première dame pour les emplettes à l’étranger. À ceux qui se sont émus de la voir affréter un avion de la compagnie nationale pour faire ses courses dans les boutiques de marques parisiennes, n’a-t-elle pas répondu par cette phrase demeurée célèbre : « Est-ce un crime de faire du shopping ? »
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