Paris laisse la responsabilité d’un recours à la force « aux chefs d’État africains »
La France a pris ses distances avec un éventuel recours à la force pour déloger Laurent Gbagbo de la présidence ivoirienne, comme le réclame Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara. La responsabilité d’une telle intervention « revient aux chefs d’État africains », selon Paris.
Seule la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ou l’Union africaine (UA) pourraient prendre la responsabilité d’une intervention militaire contre le régime de Laurent Gbagbo. C’est ce qu’a affirmé, en substance, le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, jeudi à RFI.
Cet éventuel recours à la force, vivement encouragé mercredi par Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, « est une responsabilité qui revient aux chefs d’État africains », a-t-il affirmé, à la veille d’un sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation ivoirienne.
Délicate position française
Prudent, il a déclaré que « la France ne [pouvait] en aucune manière recommander le recours à la violence » qui ne serait pas « sans poser un certain nombre de problèmes ».
L’ancienne puissance coloniale est en effet dans une situation très particulière vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Lors de la crise de 2004, ses soldats de la force Licorne, avaient été directement engagés dans des combats (neufs de ses soldats avaient été tués dans le bombardement du camp de Bouaké et ses forces aériennes avaient répliqué en détruisant l’aviation ivoirienne). À la suite de quoi, des manifestations anti-françaises, au cours desquels les soldats avaient ouvert le feu sur des civils, avaient éclaté à Abidjan. Près d’un millier de soldats français de la force Licorne sont encore présents en Côte d’Ivoire.
Si Paris est farouchement opposé au maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo, comme l’immense majorité de la communauté internationale, la France semble surtout soucieuse d’éviter un tel scénario de se reproduire. Même si le gouvernement français a vivement recommandé à ses ressortissants de quitter la Côte d’Ivoire, ils étaient encore 15 000 environ la semaine dernière, et certains n’ont pas l’intention de suivre ce conseil.
Pour la France, il s’agit aussi d’éviter de donner des arguments au camp de Laurent Gbagbo, pour qui la rhétorique anti-occidentale (et antifrançaise en particulier) est l’une des armes favorites.
Soro évoque la CPI
« Je ne vois pas l’Onuci [les forces de l’ONU en Côte d’Ivoire, composées d’environ 10 000 Casques bleus mal équipés, NDLR] déclarer la guerre à une partie des Ivoiriens contre une autre partie », a en outre affirmé Henri de Raincourt.
Le camp d’Alassane Ouattara ne voit toutefois pas d’autres solutions à cette crise qu’une intervention internationale. Guillaume Soro a ainsi déclaré au quotidien français Libération qu’il attendait « que la Cour pénale internationale puisse envoyer une mission en Côte d’Ivoire, établir la responsabilité des uns et des autres, et que tous ceux qui sont impliqués d’une manière ou d’une autre soient transférés à La Haye ».
Reste à savoir comment les chefs d’État de la sous-région réagiront aux appels de Guillaume Soro lors du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la Côte d’Ivoire prévu vendredi.
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