La polémique du Coran écrit avec le sang de Saddam Hussein

Pendant deux ans, Saddam Hussein a fait calligraphier un Coran avec son propre sang. Longtemps conservé dans le plus grand secret, le manuscrit doit-il être détruit ou au contraire exposé, en témoignage d’une période révolue ?

Saddam Hussein lors de son procès, en novembre 2006 à Bagdad. © AP

Saddam Hussein lors de son procès, en novembre 2006 à Bagdad. © AP

Publié le 22 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est un macabre manuscrit que renferme la mosquée de Bagdad en Irak. Un exemplaire du Coran bien particulier, écrit avec le sang du dictateur Saddam Hussein, exécuté en 2006 pour crimes contre l’humanité. Dans les dernières années de la décennie 1990, il a travaillé à l’élaboration de cette étrange relique, avec l’aide d’une infirmière qui, deux années durant, lui a prélevé un total de 27 litres de sang, tandis qu’un scribe recopiait les écritures saintes, a révélé The Guardian.

Symbole s’il en est de la folie et de la mégalomanie de Saddam Hussein, ce Coran est conservé sous très haute sécurité à Bagdad. Il a échappé à la destruction lors de la prise de la ville par les Américains en 2003, des imams estimant qu’il s’agissait d’une pièce majeure et significative. Sept ans plus tard, la polémique divise les Irakiens, les autorités politiques et religieuses s’interrogeant sur ce qu’il doit advenir du « Coran de sang ».

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"Souvenir du totalitarisme"

D’un côté, certains leaders irakiens estiment que cet « héritage » doit servir à illustrer la personnalité profonde du dictateur déchu et mérite d’être exposé pour témoigner de sa « brutalité », voire de son fanatisme. C’est la position d’Ali al-Moussaoui, le porte parole du chef du gouvernement irakien Nouri al-Maliki.

Par ailleurs, si la majorité de la population irakienne ne cultive guère de sentiments positifs à l’égard de son ancien dirigeant, les anciens baasistes pourraient, eux, réagir à la destruction du manuscrit par la violence. Ce que les autorités veulent à tout prix éviter.

D’un autre côté à Bagdad, on voudrait voir ce manuscrit disparaître, de la même manière que tous les stigmates de vingt-quatre années de dictature tendent à être, peu à peu, effacés. Comme la monumentale statue de Saddam Hussein, comme les tableaux, les ouvrages, les dessins le représentant qui ont tous été réduits en poussière, pour que ne subsiste au final plus aucun souvenir du régime baasiste.

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Abbas Shakir Joody al-Bagdadi, le calligraphe qui a rédigé l’ouvrage, partage lui-même ce point de vue, affirmant vouloir « oublier » la « douloureuse période de [sa] vie » durant laquelle il a dû se prêter à cet exercice.

Pour Ahmed Chalabi, l’une des figures de l’opposition à Saddam Hussein, toutes ces reliques « sont des souvenirs du totalitarisme, qui idéalisent une personne incarnant le diable. Elles n’apportent rien à l’Irak ». « Je suis pour les supprimer », tranche-t-il.

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