Kofi Annan appelle Gbagbo à quitter le pouvoir, Soro à la remobilisation du camp Ouattara
Si le président sortant Laurent Gbagbo est de plus en plus isolé sur la scène internationale, comme le prouve encore l’appel de Kofi Annan lui demandant de céder sa place au président élu Alassane Ouattara, ce dernier est de plus en plus isolé à l’hôtel du Golf où il est retranché. Et son Premier ministre Guillaume Soro appelle une nouvelle fois le peuple ivoirien à la désobéissance et à la mobilisation.
C’est un désaveu sans faille que l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan (1997-2006) apporte à la politique de Laurent Gbagbo, lequel s’accroche à son fauteuil présidentiel en dépit des condamnations unanimes de la communauté internationale – Afrique comprise – et surtout de l’expression de la volonté d’une majorité d’Ivoiriens. « Je me joins aux nombreuses voix, et avant tout à celles de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest [Cedeao] et de l’Union Africaine [UA], qui appellent l’ancien président Laurent Gbagbo à céder la place et à respecter la volonté du peuple. Celui-ci a choisi Alassane Ouattara et aucune répression, aussi brutale et longue soit-elle, ne pourra altérer ni cette décision, ni la légitimité de M. Ouattara », écrit Kofi Annan dans un communiqué de sa fondation, mardi 21 décembre.
« Je demande aux forces militaires et policières de cesser toute action visant à entraver le travail pacifique et essentiel de l’Organisation des Nations Unies. Les soldats et les policiers doivent se souvenir de leur devoir sacré de servir et de protéger le peuple de Côte d’Ivoire et se détourner de ceux qui s’accrochent au pouvoir de façon illégitime au prix de la paix et du progrès », poursuit Kofi Annan, qui en profite pour lancer « un appel à tous les Ivoiriens afin qu’ils refusent la manipulation des différences tribales, travaillent ensemble pour la paix, la stabilité et la réconciliation et exigent le respect des lois et des droits humains. »
« Problème humanitaire »
Le communiqué de Kofi Annan en faveur de Ouattara intervient alors que ce dernier est toujours bloqué à l’hôtel du Golf par des barrages des forces fidèles à Gbagbo. « Les accès sont interdits à tout véhicule, ce qui pose un problème d’approvisionnement en vivres, en médicaments, en maintenance de l’hôtel. C’est devenu un problème humanitaire », confiait l’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, au quotidien français Le parisien.
Dans ce contexte difficile, le premier ministre de Ouattara, Guillaume Soro, a émis mardi un appel au peuple ivoirien pour l’exhorter « dès cet instant à la désobéissance au gouvernement factice de Laurent Gbagbo jusqu’à son départ », lui demandant « de s’organiser, de se mobiliser et de manifester par tous les moyens ». Et Soro d’affirmer que la Côte d’Ivoire « vit la pire des escalades dans la barbarie d’un clan, d’un régime fini, contre les populations civiles démunies et désarmées. « Plus grave, ajoute-t-il, des femmes sont battues, déshabillées, violentées et violées. (…) Les ingrédients pour un génocide sont en place ».
Le règne de la peur
Un précédent appel de Soro à marcher sur la RTI avait abouti à une répression féroce de la part des forces loyales au président sortant, faisant plus de 50 morts jeudi 16 décembre parmi les manifestants, selon l’ONU. Depuis, la peur règne dans les rues d’Abidjan, où les forces de Gbagbo quadrillent le terrain.
Le désastre est-il inévitable ? Craignant le pire, le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a en tout cas annoncé avoir renforcé ses stocks d’aide humanitaire pour être prêt à un afflux éventuel de 30 000 réfugiés ivoiriens au Liberia et en Guinée. Quelque 6 200 Ivoiriens ont déjà fui au Liberia et en Guinée, selon le HCR. (Avec AFP)
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